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La transition écologique bouscule les métiers

La crise écologique bouleverse la société, et il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de prendre en compte les enjeux environnementaux afin de développer des modèles économiques plus durables. Cette exigence n’échappe pas aux entreprises, poussées par l’instauration de normes réglementaires d’un côté, et par l’éveil des consciences ainsi que des réflexions stratégiques majeures de l’autre. La transition écologique implique aussi la création de métiers « verts » et l’évolution de tous les métiers pour prendre en compte cet enjeu. Pour accompagner cela, les compétences des salariés et des managers doivent également évoluer.

Les métiers verts et verdissants : de quoi parle-t-on ?

Bien qu’il soit encore difficile de mesurer l’impact des prises en compte écologiques sur l’emploi, nous voyons déjà se développer de nouveaux métiers, qui ont pour mission d’évaluer, de prévenir et de contrôler les impacts d’une activité sur l’environnement. Ces métiers visent aussi à améliorer l’empreinte d’une entreprise sur son écosystème environnemental (meilleure utilisation des ressources, décarbonation de l’industrie, limitation des émissions de gaz à effet de serre, réduction des déchets, protection des écosystèmes, ou encore adaptation aux effets du changement climatique).

La transition écologique est une opportunité pour l’emploi, sachant qu’à l’échelle mondiale près de 65 millions d’emplois à faible émission de CO2 pourraient être créés d’ici 2030. Le secteur est en pleine expansion.

L’Ademe recensait ainsi en 2019 près de 4 millions d’emplois de l’économie verte, en distinguant :

  • Les emplois verts: métiers à finalité environnementale, qui concernaient 146 000 personnes. Il s’agit des métiers en lien direct avec les secteurs de l’environnement, comme ingénieur d’étude hydrogène, conseiller énergie, opérateur de tri, chef de projet énergies renouvelables, concepteur de panneaux photovoltaïques et éoliennes, producteur de batteries électriques, ingénieur pour la dépollution des sols, expert en bilan carbone, chargé d’hygiène sécurité environnement.
  • Les professions verdissantes, qui évoluent en prenant en compte les enjeux environnementaux, dénombraient quant à elles 3,8 millions de personnes : juriste en droit de l’environnement, spécialiste en économie durable, agriculteur ou acheteur responsable, garde (pêche, chasse, littoral), guide de montagne, concepteur paysagiste écologique, etc. Dans cette catégorie, les secteurs de la communication, du commerce et du marketing doivent relever un grand défi : agir pour l’environnement en évitant le greenwashing, et valoriser le changement vers une consommation responsable en donnant envie de consommer moins.

De nouveaux métiers ont donc été créés ou ont évolué pour répondre aux besoins de la transition écologique. Pour faciliter ces transformations, les entreprises mettent au cœur de l’acquisition de nouvelles compétences les enjeux environnementaux.

 

La transformation des compétences : un enjeu prioritaire ?

La situation en entreprise est paradoxale : si 88% des salariés considèrent que la prise en compte des enjeux environnementaux est importante dans leur entreprise, et 2/3 des salariés aimeraient bénéficier d’une formation dans leur entreprise sur le sujet, 80% des Français ne savent pas précisément ce qu’est la RSE – 38% n’en ont même jamais entendu parler. Il est donc urgent pour les organisations d’assurer une sensibilisation massive de leurs salariés, d’autant plus que tous les métiers sont impactés : lorsque la transition écologique n’est pas le cœur du sujet des métiers, son intégration est plutôt une question de sensibilisation à la nécessité d’écogestes citoyens. Une des activités les plus polluantes est le numérique, ce qui concerne donc la majorité des métiers. En effet, un simple envoi d’e-mail est polluant, tout comme une recherche internet : « une requête Google représente environ 7 grammes de CO2 émis dans l’atmosphère, sachant qu’il y a 180 millions de recherches Google par heure ». Tous les travailleurs doivent être formés aux problématiques environnementales afin d’agir de manière plus consciencieuse.

Concrètement, certaines entreprises ont déjà utilisé les outils à leur disposition pour inciter à la prise de conscience. Par exemple, l’entreprise EDF a eu recours à l’association La Fresque du Climat, qui est intervenue dans l’entreprise en proposant la création d’une fresque, de quiz et événements : 20 000 collaborateurs ont été sensibilisés sur le changement climatique, sur l’empreinte d’EDF, la stratégie de l’entreprise et les possibilités d’action. Parmi ces 20 000 personnes, 400 ont suivi une formation de formateurs pour poursuivre le travail d’information en interne.

Dans la même idée, SNC (Solidarités nouvelles face au chômage) propose depuis 2022 aux entreprises des « Fresques de l’emploi durable » pour informer sur le programme de transition écologique des pouvoirs publics et sensibiliser sur le verdissement des métiers de l’intérieur. Concrètement, les salariés se retrouvent autour d’un atelier de trois heures où dans une première partie leur sont présentés les secteurs les plus et moins polluants, puis ils doivent dans un second temps réfléchir à comment rendre leur métier plus sain pour eux-mêmes et pour l’environnement. On dénombre aussi de plus en plus de MOOC sur le sujet, comme le MOOC Numérique Responsable proposé par l’ADEME et l’INR.

Ainsi, sensibiliser les collaborateurs est essentiel, non seulement pour faire d’eux de bons éco-citoyens, mais aussi pour faire évoluer leurs métiers, et favoriser l’intelligence collective : les salariés seront davantage forces de proposition et pourront imaginer ensemble des meilleures solutions performantes facilitant la transition écologique s’ils se voient donner les clefs pour réfléchir. Prendre en compte la transition écologique est donc bénéfique sur tous les plans pour les entreprises.

 

Aller plus loin sur le site de la Fondation Travailler autrement : S’engager pour l’environnement : une opportunité pour les entreprises, L’évolution dans la demande de compétences, COP26 : 3 infos sur les liens entre environnement et entreprise