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L’évolution dans la demande de compétences

France Stratégie vient de publier une note d’analyse sur la cartographie des compétences par métiers (compétences techniques, spécifiques à des situations professionnelles). Elle vise également à identifier les compétences transversales les plus mobilisées, c’est-à-dire celles qui peuvent être répandues dans de nombreux métiers. Cela permettra d’aider aux reconversions professionnelles qui seront sans doute nécessaires après la crise. Coup d’œil sur ces compétences.

Des compétences métiers en augmentation selon les tendances du marché du travail

La note d’analyse commence par rappeler qu’une compétence correspond à « la mise en œuvre de connaissances disciplinaires, de savoir-faire et de comportements (savoir-être) qui se combinent en situation de travail« . Cela peut être un diplôme, une formation disciplinaire, un parcours professionnel ou une qualification.

Les compétences techniques les plus demandées sont toujours celles qui sont liées au cœur même du métier, comme les techniques agricoles pour les agriculteurs, la plomberie et l’électricité pour les ouvriers du bâtiment, ou encore le soin et l’assistance aux personnes fragiles pour les aides-soignants. Les compétences secondaires demandées font apparaitre des savoir-faire en amont et en aval du geste professionnel au cœur de l’activité, comme la manutention, le stockage, l’entretien et les maintenances des équipements pour les agriculteurs, ou la maîtrise des techniques et logiciels pour les ingénieurs et cadres de l’industrie.

Les compétences techniques demandées par les employeurs ont évolué en fonction des changements de métiers ; ainsi, la demande en compétences dans les métiers en croissance comme ceux du numérique ou de la transition écologique va augmenter, celle des métiers en déclin reculer. Les compétences les plus demandées aujourd’hui sont donc :

  • dans le domaine des systèmes informatiques et télécommunications, liées à l’augmentation des métiers du numérique
  • dans le bâtiment, l’industrie carbonée, le chauffage et la climatisation, en lien avec la transition énergétique
  • dans l’accompagnement et le suivi social, étant le reflet de l’augmentation des besoins structurels d’aide et de soins aux personnes fragiles
  • dans la vente, puisqu’il y a une demande croissante de relations clients.

Une demande croissante de compétences transversales, notamment des compétences comportementales

La note d’analyse donne l’exemple de plusieurs compétences transversales : les cadres commerciaux et technico-commerciaux partagent avec les secrétaires une utilisation de l’ordinateur et une interaction avec le public plus élevées que la moyenne des métiers. Les cadres commerciaux ont également en commun avec les ouvriers du gros oeuvre du bâtiment de gérer des risques financiers. France Stratégie révèle ensuite que la littératie (lecture, rédaction de documents), la numératie (calcul) et l’informatique sont inhérentes à tous les corps de métiers, mais ne sont pas mobilisées avec la même intensité ni le même degré de complexité. Ainsi, seuls 21% des agents d’entretien et des employés de services divers ont besoin de compétences en littératie élémentaire, contre 65% dans l’ensemble des professions. Et à l’inverse, 62% des ingénieurs informatiques mobilisent des compétences numériques complexes (programmation), contre 19% en moyenne.

Beaucoup de compétences comportementales (soft-skills) sont aussi très transversales. La réactivité et la gestion du stress, imposées par le fait de travailler dans l’urgence, sont communes aux métiers du soin, de l’éducation, du commerce, de la banque, ou encore de la restauration. Dans le même sens, la capacité à gérer une charge émotionnelle se retrouve dans les domaines médico-sociaux, de l’éducation, de la sécurité (armée, police, gendarmerie), de la caisse, etc.

Comme le montre ce graphique, le fait d’utiliser un ordinateur, mais aussi celui d’encadrer et de superviser sont les compétences transversales dont la mobilisation a le plus augmenté depuis 2012, notamment chez les salariés qualifiés. On peut aussi noter l’augmentation de la demande en ce qui concerne la gestion des risques qualité et risques financiers, ou encore la gestion des risques physiques.

Augmenter les compétences par l’apprentissage

L’étude met en lumière le fait que l’apprentissage tout au long de la vie est fondamental pour favoriser les reconversions professionnelles, et pour s’adapter aux évolutions des métiers. Il s’avère que ce sont les professionnels les mieux formés qui ont le plus d’opportunités d’apprendre de nouvelles choses. Favoriser l’apprentissage permet en tous cas d’anticiper les futurs besoins en compétences.

Il est probable que les grandes transformations de l’appareil productif français ainsi que l’évolution des organisations de travail se poursuivent, voire s’accélèrent suite à la pandémie. Besoins accrus en compétences numériques et environnementales, soft skills pour répondre à des organisations du travail réactives au plus près des clients vont exiger une politique de formation à la hauteur des enjeux, mais aussi une réflexion sur la manière de valoriser les compétences et d’adapter les structures d’entreprise pour favoriser les apprentissages.

> Voir ici la note d’analyse dans son intégralité.

> Egalement sur le site de la Fondation Travailler autrement : Imaginons le futur des métiers et des compétences, Les nouvelles formes d’emploi au service du secteur de la communication