Colloque 2014 de la Fondation Travailler Autrement : les temps forts

Le mardi 25 novembre 2014, à la Bibliothèque Nationale de France, s’est déroulé le 2ème Colloque de la Fondation Travailler Autrement  : “Autonomie, mobilités, transitions, comment repenser le travail ?”.

Cet événement a réuni des personnalités influentes de tous les horizons : politiques, chefs d’entreprises, responsables syndicaux. Cette année, la Fondation a pu compter sur la présence de François Rebsamen, Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social.

Retour sur cette journée exceptionnelle avec les principales citations des intervenants.

9h00 Accueil et introduction : les enjeux

Ce 2ème colloque a démarré par une introduction de Philippe Vivien (Directeur Général d’Alixio et Secrétaire Général de la Fondation Travailler Autrement et Patrick Levy-Waitz (Président de la Fondation Travailler Autrement), afin de mettre en avant les enjeux de la journée. François Rebsamen, Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, a lancé les tables rondes en livrant son analyse de l’évolution du marché du travail.

François RebsamenFrançois Rebsamen :

« L’étude de la fondation montre que la réflexion sur la sécurisation des parcours a franchi un cap pour regarder ce qui marche ailleurs et s’en inspirer”

“Il faut passer de la protection collective à la protection individuelle”

“Dépasser l’apparente contradiction entre demande de souplesse des entreprises et besoin de sécurité des travailleurs”

« Notre système social a du mal à appréhender les nouvelles formes de travail comme le portage salarial »

“Notre système a du mal à sécuriser les formes d’emploi « atypiques »

> Voir aussi son interview en vidéo et les propositions concrètes de la fondation

Patrick Levy-WaitzPatrick Levy-Waitz

« Réussir les transitions professionnelles et les reconversions est devenu l’enjeu clé du marché du travail, ce qui nous impose de repenser tout notre système social autour de leur prise en charge. »

« Au Contrat Unique nous préférons – oserai-je dire nous opposons – un véritable statut de l’actif. A nous de bâtir de solides passerelles entre deux emplois, deux métiers, deux statuts pour que la souplesse dont ont besoin les entreprises devienne un enjeu de tous plutôt qu’un combat des uns contre les autres. »

“Nous proposons de mettre en place une plate-forme dédiée au pilotage des transitions professionnelles. Il s’agit de rassembler en un lieu physique et virtuel les outils de transition professionnelle éparpillés dans différentes structures.”

« Nous demandons une utilisation ambitieuse du digital. Pour chaque salarié, créer une application digitale qui rassemble ses droits et qui lui permette de les utiliser facilement tout comme son compte en banque aujourd’hui. »

« Nous avons la conviction que réussir c’est transformer un modèle considéré en panne en un modèle dynamique porteur d’avenir pour chacun. »

Philippe VivienPhilippe Vivien

“Les transitions professionnelles doivent également être perçues comme des opportunités pour se repenser dans son environnement de travail”

« Ce qui nous fait réagir cette année, concerne l’individu avec la portabilité et tout ce qui peut lui permettre de se positionner. C’est donc sur cette base que nous souhaitons avancer. »

 

La matinée du Colloque s’articule autour de la problématique suivante : « Organisation du travail : comment encourager l’autonomie et la créativité ?« . Pour en débattre, la demi-journée s’est déroulée en 3 étapes.

9h45 Diagnostic : Entre aspiration à l’autonomie et aversion au risque, l’équation française

Julien Vaulpré (Directeur Général de TADDEO) a d’abord posé le débat en se basant sur le résultat de l’étude de menée par la Fondation Travailler Autrement. Il a ensuite laissé place à la table ronde dédiée pour analyser les problématiques du marché du travail français.

Ainsi, Yves Barou (Président de l’AFPA), Gérard Cherpion (Député UMP des Vosges) et Denis Pennel (Managing Director, CIETT) ont confronté leurs expériences et leurs avis sur le sujet.

Julien VaulpreJulien Vaulpré

« Ce n’est pas tant l’aversion au risque qui pèse en France, c’est la peur de l’échec. »

“En France, perdre un emploi coûte trop cher et prendre des risques ne paye pas assez”

“La France a un très fort désir d’autonomie qui dessine une nouvelle forme d’emploi”

Yves BarouYves Barou

“Les salariés veulent être plus autonomes, c’est une tendance mondiale”

« La peur de l’échec, en France, est un modèle assez spécifique car elle renvoie à la peur de déchoir, au fait que nous sommes dans une société de statut et que quitter celui-ci, changer d’entreprise, entreprendre autre chose revient à perdre quelque chose. »

 

 

Gérard CherpionGérard Cherpion

“En votant le principe de précaution, on a verrouillé des prises de risque pour nos concitoyens, le principe de précaution dans la constitution est ce que je regrette le plus d’avoir voté”

“Laissons les gens travailler le temps qu’ils veulent”

“Pour prendre des risques il faut avoir une formation”

Denis PennelDenis Pennel

“Développer les nouvelles formes d’emploi pour répondre aux attentes des entreprises et de la nouvelle génération”

“On demande aux salariés d’être flexibles alors que les cadres de travail sont de plus en plus rigides”

10h30 Table ronde 1 : Congés à la carte, choix des rythmes horaires, travail à distance… Faut-il privilégier des organisations de travail atypiques ?

Cette question est primordiale, tant les conséquences sont grandes sur l’approche managériale, la relation de travail et les perceptions de chacun.

Pour bien comprendre la situation, Frédéric Meunier (Directeur Technique – Evercontact) a apporté son témoignage et dévoilé sa perception personnelle du sujet. Il a ensuite laissé place au débat entre Jean-Paul Bouchet (Secrétaire Général de la CFDT CADRES), Yves Grandmontagne (DRH chez Microsoft), Philippe Laval (Directeur Général chez Evercontact) et Caroline Ruiller (conférencière en Sciences de gestion).

Frédéric MeunierFrédéric Meunier

« J’habitais en Provence, donc la problématique du télétravail s’est imposée. D’un point de vue stratégique, nous avons opté pour le cloud, ce qui a permis de mettre en place assez facilement des processus de télétravail avec bien entendu, des points assez réguliers pour lesquels je devais me rendre à Paris. »

« Lorsqu’on travaille de chez soi, il faut s’imposer une discipline”

 

Jean-Paul BouchetJean-Paul Bouchet

“Le télétravail présente un risque d’isolement mais permet de s’y retrouver en qualité de vie”

“Les questions de dépendance numérique sont devenues essentielles aujourd’hui”

 

Yves GrandmontagneYves Grandmontagne

“Le télétravail ne fonctionne que s’il y a une adhésion très forte du management et du top management”

“S’imposer des règles pour éviter une confusion des genres entre vie professionnelle et vie privée”

« La flexibilité devra nous amener à reconsidérer la structure des organisations”

“L’autonomie ne veut pas dire qu’on s’organise n’importe comment”

 

Philippe LavalPhilippe Laval

“L’apprentissage de l’autonomie n’a pas été simple et marche seulement dans certains types de métiers”

“En télétravail, la frontière est moins claire entre vie professionnelle et vie personnelle, ce qui peut être un avantage pour l’entreprise”

“Le télétravail c’est aussi l’apprentissage de la liberté”

 

Caroline RuillerCaroline Ruiller

“Le télétravailleur doit accepter l’intégration de la sphère professionnelle dans la vie privée”

“Le plus gros frein au télétravail est la culture du présentéisme”

11h45 Table ronde 2 : Travail collaboratif, communautés virtuelles, nouveaux modes de management, nouvelles formes de sociétés… Doit-on définitivement tourner la page du modèle hiérarchique traditionnel ?

Différents intervenants ont débattu sur l’intérêt des réseaux sociaux pour favoriser la créativité et impliquer davantage les salariés.  Ils se sont interrogés sur la création de nouveaux collectifs de travail porteurs de sens et sur les pratiques managériales d’aujourd’hui. Edouard Frignet (ancien dirigeant de WL Gore France), Jean-François Bolzinger (Secrétaire Général de l’UGICT-CGT Cadres), David Lacombled (Directeur à la stratégie des contenus chez Orange), Pascale Levet (Directrice Technique et Scientifique de l’ANACT) et Xavier Querat-Hement (Président du comité stratégique management et services de l’AFNOR) ont échangé sur ces sujets.

Edouard FrignetEdouard Frignet

“Le système hiérarchique pyramidal n’est plus accepté par les jeunes”

« Nous sommes sur un système du pourquoi avec un objectif et non sur le comment avec des directives. L’intelligence vient de ceux qui se trouvent dans le groupe, la partie du leader consiste à bien coordonner et donner des moyens. »

 

Jean-François BolzingerJean-François Bolzinger

“Il n’y a pas des bons et des mauvais patrons, mais une conception d’ensemble à travailler”

“Considérer le potentiel de chacun comme l’atout le plus précieux”

 

David LacombledDavid Lacombled

“L’entreprise n’est plus le lieu unique de production, l’entreprise devient un lieu de socialisation où fusionnent les salariés, les savoirs et les savoir-faire”

« Les outils numériques concourent à la déspacialisation de l’entreprise qui devient un Hub »

« Désormais (avec le numérique) ce qui se vit à l’intérieur se voit à l’extérieur ! “

 

Pascale LevetPascale Levet

“Beaucoup de salariés vivent encore dans des systèmes très contrôlés”

« On a un déficit cognitif pour comprendre le travail aujourd’hui »

 

 

Xavier Querat-HementXavier Querat-Hement

“Les outils numériques, une vague profonde qui vient challenger le silo”

“Avoir des managers coachs à la place du reporting”

L’après-midi s’est articulé autour des problématiques suivantes : « Mobilités et transitions : comment faciliter la prise de risques ? Comment décloisonner le marché du travail ? ».

14h00 Table ronde 3 : De l’entreprise propriétaire de ses salariés à l’entreprise responsable de leur employabilité externe… Quelles prises de risques et quelles sécurisations ?

La 3ème table ronde a commencée par le témoignage de Christine Cellier (Formatrice CFEU). Son intervention a permis aux participants d’échanger autour de la reconversion, la mobilité professionnelle et le prêt de main d’oeuvre.

Ainsi, Frank Morel (Avocat associé au Cabinet Barthelemy), Stéphane Malka (Responsable du Réseau Alliance), Emmanuelle Wargon (dirigeante de la DGEFP) et Carole Couvert (Présidente de la CFE-CGC) ont débattu et confronté leurs idées sur le sujet.

Christine CellierChristine Cellier

“L’accompagnement de l’entreprise et la mise à disposition d’un réseau pour se reconvertir”

 

 

 

Emmanuelle WargonEmmanuelle Wargon

“Le CPF est un dispositif qui oblige à parler ensemble”

“La complexité du système français est une vraie difficulté”

 

 

Carole CouvertCarole Couvert

“L’accompagnement permet de retrouver des perspectives et de devenir acteur”

“Créer un partage de compétence participatif à côté du financement participatif”

 

 

Stéphane MalkaStéphane Malka

“Les pouvoirs publics peuvent agir sur le coût de la formation ou sur le différentiel salarial”

 

 

 

Franck MorelFrank Morel

“Il est nécessaire de faire un état des lieux de l’ensemble des outils permettant de favoriser la sécurité des salariés”

“La mobilité volontaire sécurisée permet d’enrichir son parcours par la découverte d’une autre entreprise »

15h15 Table ronde 4 : Comment accompagner la diversification des trajectoires professionnelles ? Encourager l’autonomie dans un cadre sécurisé ? Créer des passerelles entre les différentes formes d’emploi et/ou de statuts ?

La 4ème et dernière table ronde s’est ouverte par la présentation par Denis Monneuse (Chercheur Associé à l’IAE de Paris) de l’étude réalisée par la Fondation Travailler Autrement. Celle-ci porte sur les transitions professionnelles.

Pour la télécharger, cliquez ici

Cette introduction a permis d’ouvrir le débat sur l’aspiration actuelle des salariés à l’autonomie, la sécurisation des carrières et le développement des nouvelles formes d’emploi. Pour y participer, Bernard Gazier (Professeur de Sciences Economiques, Université Paris 1), Dominique Reynie (Directeur Général FONDAPOL), Olivier Leclerc (Directeur Open Innovation & Intrapreneurship à Alcatel-Lucent) et Stéphane Lardy  (Secrétaire confédéral chargé de l’emploi, de la formation professionnelle et de l’assurance chômage pour Force Ouvrière).

Denis MonneuseDenis Monneuse

“L’étude européenne de la Fondation Travailler Autrement permet de caractériser le marché du travail français par rapport aux autres pays européens”

 

 

Bernard GazierBernard Gazier

“Ce n’est pas à l’usager de gérer la complexité du système”

 

 

 

 

Dominique ReyniéDominique Reynie

“6 millions d’emplois sont fermés aux personnes : on peut étendre le statut de la fonction publique, désossifier des professions protégées”

 

 

 

Stéphane LardyStéphane Lardy

“Le syndicalisme en France a oublié de parler du travail”

“La problématique de la mobilité, ce n’est pas dire que tout le monde doit être mobile, mais aider ceux qui subissent une mobilité forcée”

“Il y a une non-appetence des employeurs à l’égard de la formation de leurs salariés.”

Olivier Leclerc

Olivier Leclerc

“Il faut encourager les initiatives prises par la base de la société”

 

 

16h30 Grand débat : Repenser le travail à partir des individus plutôt qu’à partir du droit ?

Dernière étape avant la conclusion, ce grand débat fut animé par David Abiker (journaliste). Deux grands témoins ont permis son ouverture : Catherine Barbaroux (Présidente de l’ADIE) et Jean-Marie Marx (Directeur Général de l’APEC). Ils ont ensuite laissé place à Jean-Marie Le Guen (Secrétaire d’Etat en charge des relations avec le Parlement). Celui-ci a fait un parallèle entre la mutation de l’univers médical et celui du terrain social plus global.

Pour finir ce grand débat, Odile Quintin (Professeur à l’ESCP Europe et Vice-Présidente de la Fondation Travailler Autrement), Raymond Soubie (Président d’Alixio), et Pierre Ferracci (Président du Groupe Alpha) ont mis l’accent sur la nécessité de simplifier le modèle social français.

Jean-Marie Le GuenJean-Marie Le Guen

« Les questions du travail deviennent tellement complexes qu’elles s’éloignent du politique et des gens »

“Dans les parcours, il va falloir passer outre les frontières publique / privé salarié / indépendant”

“Le numérique permettra un accès nouveau mais ne peut se substituer aux problématiques humaines et sociales”

Pierre FerracciPierre Ferracci

“Cette forme d’égalitarisme qui consite à donner des droits à tout le monde est contre productive”

“Le DIF à échoué car il s’adressait a tout le monde et n’était pas financé”

 

Odile QuintinOdile Quintin

“En France, il y a une extrême idéologisation du débat dès qu’on parle de contrat de travail”

“A quoi sert le contrat de travail le plus protecteur d’Europe si personne n’arrive à accéder à un CDI ?”

“Nous avons d’énormes structures très lourdes et  qui ne peuvent pas assurer un accompagnement personnalisé”

 

Raymond SoubieRaymond Soubie

“Les CDI sont passés de 70% à 84,3%, au détriment des gens les plus loin du marché du travail et au détriment des jeunes”

“Mieux vaut digérer la réforme précédente que d’en concocter une nouvelle”

“Le rôle des organismes publics est de faire en sorte que toutes les bonnes volontés soient accompagnées “

Catherine BarbarouxCatherine Barbaroux

“Les dispositifs collectifs doivent évoluer”

“Il doit y avoir une accessibilité au droit”

 

 

Jean-Marie MarxJean-Marie Marx

“Le marché du travail évolue vers de la mobilité qui ne passe pas forcément par la case chômage”

“Aujourd’hui, les personnes préparent leur évolution professionnelle”

17h45 Conclusion : Les principaux enseignements du colloque

Pour conclure ce 2ème colloque, Philippe Vivien (Directeur Général d’Alixio et Secrétaire Général de la Fondation Travailler Autrement) et Patrick Levy-Waitz (Président de la Fondation Travailler Autrement) sont revenus sur les principaux enseignements du colloque.