Présentation du projet

Avec les soignants, un grand nombre de travailleurs modestes – du livreur au vigile en passant par la caissière, la femme de ménage, l’aide à domicile, le transporteur ou le cariste – ont fait face à l’épidémie de Covid-19 et ont maintenu les services essentiels. La pandémie les a parés d’une utilité sociale nouvellement médiatisée.

Mais connaît-on vraiment ces femmes et ces hommes du back-office de la société de services, et qui représente l’ensemble des « fonctions support » de notre économie : autrement dit, tous les métiers du lien, du soin et de la continuité économique et sociale ?

Le 13 avril 2020, en plein confinement et devant près de 40 millions de téléspectateurs, le Président de la République a évoqué ces travailleurs invisibles : « Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. » Ces mots, les Français les ont écrits il y a plus de deux cents ans. Nous devons aujourd’hui reprendre le flambeau et donner toute sa force à ce principe. » Ainsi, Emmanuel Macron donnait aux applaudissements des Français, chaque soir à 20 heures, la forme d’une promesse : « le monde d’après » saurait se souvenir de ces travailleurs essentiels et créer les conditions d’une reconnaissance à laquelle leur utilité sociale leur donne droit légitimement.

Une première approche a eu lieu au printemps 2021 avec la mission confiée par le Gouvernement à l’économiste Christine Erhel et à la DRH Sophie Moreau-Folenfant sur les conditions de travail et les moyens de la reconnaissance des travailleurs de la « deuxième ligne » :

« En France, écrivent-elles, hors professions médicales, ce sont 4,6 millions de salariés du secteur privé, appartenant à 17 professions, qui ont continué à travailler sur site durant la crise sanitaire pour continuer à apporter les services indispensables à la vie quotidienne ».

Mais il ne s’agit ici que d’une partie de ce « back office de la société de services ». Au-delà des métiers et des conditions de travail, que sait-on réellement de leur expérience du travail ? De leur mode de vie et de consommation ? De leur parcours de vie ? Mais aussi des représentations qu’ils se font d’eux-mêmes et des difficultés et des épreuves qui pèsent sur eux ? Comment prennent-ils place au sein de la société dans laquelle ils vivent et pour laquelle ils œuvrent ?

Toutes ces questions ont fait l’objet d’une très vaste enquête quantitative inédite que la Fondation Travailler Autrement a lancé à l’automne 2021 auprès de 15 000 personnes, en partenariat avec les cabinets Occurrence (études d’opinion) et Temps Commun (conseil social). Par son ampleur et sa méthodologie, cette initiative est sans précédent. Pour la première fois, le Back office de la société de service est quantifié !

L’étude de la Fondation Travailler autrement et la réception dont elle a été l’objet dans les entreprises concernées ont montré un besoin d’échange entre acteurs pour confronter des réflexions et des pistes d’action permettant une meilleure reconnaissance des travailleurs « socialement invisibles » mais pourtant fort bien connus par leurs employeurs. Ainsi, deux formats de rencontres ont été créés :

  • Le Comptoir des Invisibles, dispositif public cherchant à poursuivre, par l’audition d’experts académiques, une connaissance plus approfondie des « Invisibles » et du back-office de la société
  • Le Rond-Point des Invisibles, organisé en partenariat avec Diot-Siaci, qui propose un dispositif de co-réflexion permettant aux entreprises qui le souhaitent d’échanger sur leurs pratiques et d’inventer des solutions.