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Mutations du travail post-covid : quid de la santé mentale des cadres ?

Surcharge de travail, épuisement professionnel, stress intense, congés et arrêts maladie… Selon le rapport de l’Apec paru le 12 septembre 2022, 1 cadre sur 4 estime que sa santé mentale s’est dégradée ces deux dernières années, dans un contexte de crise sanitaire et économique. Beaucoup se sont retrouvés démunis face aux vives évolutions des modalités et conditions de travail exigées et pérennisées par la pandémie. La santé psychologique des cadres et notamment des managers est mise au défi de la capacité des entreprises à prendre soin de l’ensemble des collaborateurs.

Les cadres managers face à la rude épreuve du management hybride

 

Selon l’enquête de l’Apec, en généralisant le télétravail, la pandémie a engendré sur le long terme une hybridation, et ainsi propulsé le management hybride au cœur des préoccupations des cadres. Si le télétravail en lui-même a eu, selon l’enquête, un impact positif sur leur santé mentale, les cadres managers ont dû et doivent encore réinventer leur posture et leurs pratiques pour composer avec cette nouvelle organisation du travail. Leur défi : réinventer le “travailler ensemble” en se montrant fédérateur, exigeant et bienveillant auprès de leur équipe.

La maîtrise des outils digitaux, l’hyper-connexion, le déséquilibre vie personnelle et professionnelle, le sentiment d’isolement ou encore la démotivation sont autant de problématiques qu’ils ont dû traiter pour accompagner les membres de leur équipe.

Selon Christophe Perilhou, directeur de l’activité Learning & Solutions au sein du groupe Cegos :

« L’hybridation constitue un facteur de risque supplémentaire en matière de qualité de vie au travail. Dans ce contexte, les entreprises doivent adopter un management bienveillant, c’est-à-dire se soucier du bien-être des équipes, prendre en compte leurs émotions, capter les signaux faibles malgré la distance… ».

 

Les cadres managers, garants du bien-être au travail de leurs équipes

 

Garantir le bien-être au travail est devenu une mission à part entière du manager. Or comment assumer cette tâche lorsque l’on est soi-même psychologiquement fragilisé par un contexte, qui peut être conjoncturel ou personnel.

Alors que la santé mentale est devenue une réelle préoccupation sociétale depuis le Covid, l’entreprise a aussi son rôle à jouer. Elle doit définir une stratégie de prévention et d’accompagnement à destination de tous ses collaborateurs, y compris ceux qui encadrent une équipe.

Il s’agit à la fois d’une politique RSE qui place l’humain au cœur du travail, et d’une politique rationnelle au sens où la bonne santé mentale d’un manager ne risque pas d’entraver sa productivité et ses qualités relationnelles, ce qui constitue une probabilité en moins pour les collaborateurs de se sentir affectés dans leur bien-être au travail.

Dès lors, chaque entreprise est gagnante dans la mise en place d’une telle politique.

Toujours selon l’enquête, pour 66% des cadres, la préservation de leur équilibre vie professionnelle vie personnelle est leur première préoccupation car premier levier de bien-être psychologique. En effet, les cadres sont plus enclins à être sursollicités ou à avoir des difficultés de déconnexion. 26% souhaiteraient diminuer leur temps consacré au travail.

 

Changer les mentalités pour s’émanciper de certaines injonctions et prendre soin de sa santé mentale

 

Au-delà de l’accompagnement du cadre par l’entreprise, qui elle-même peut recourir à un organisme spécialisé, il est aussi question de changer les mentalités.

En effet, la déconnexion est devenue une véritable difficulté pour bon nombre de cadres qui tombent dans le cercle vicieux de répondre à un mail tardif, ce qui créé un véritable effet de groupe les poussant à se rendre disponibles en dehors de leurs horaires de travail.

Par ailleurs, le management hybride est peut-être l’occasion de faire accéder les collaborateurs à plus d’autonomie et de responsabilités. En se libérant de cette charge de travail, inutile car faisable pour les collaborateurs dès lors qu’ils sont accompagnés dans cette transition d’autonomisation et de responsabilisation, les managers pourraient déjà moins souffrir de leur surcharge de travail et de l’épuisement professionnel auquel cela peut mener.

Ainsi, l’entreprise doit accompagner les mutations du monde du travail, notamment lorsque celles-ci peuvent s’avérer être facteur de risque pour la santé mentale de ses collaborateurs, et notamment de ses managers qui eux-mêmes gèrent le bien-être au travail de leurs équipes. Par ailleurs, un changement des mentalités pourrait également permettre de libérer ces cadres de certaines injonctions qui n’ont pas lieu d’être.

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