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Créer sa start-up en étant une femme

Si créer et développer sa start-up n’est déjà pas une chose aisée pour un homme, cela l’est encore moins pour les femmes. En effet, alors qu’elles représentent 40% des salariés de start-up, les femmes sont 21% à créer et diriger leur propre start-up. Zoom sur ce phénomène.  

Les créatrices de start-up, entre difficultés à lever des fonds et biais cognitifs 

Les difficultés du créateur de start-up sont nombreuses : trouver une idée innovante, trouver les moyens financiers et humains pour la mettre en œuvre, investir du temps et de l’énergie etc… Pourtant, elles sont encore plus nombreuses pour les femmes qui font face à deux problématiques principales, à savoir la difficulté particulière pour lever des fonds et les “biais cognitifs”. En effet, en 2020, plus de 90% des fonds attribués l’ont été à des start-ups dirigées par des hommes. De plus, les fonds levés par les femmes ne dépassent jamais les 100 millions d’euros et se situent entre 15 et 50 millions pour 2% de créatrices. Or, ce manque conséquent d’accès à des moyens financiers suffisants a nécessairement un impact sur l’ambition, le développement et la durabilité de la start-up. Pourtant, d’après Jessica Apotheker, directrice associée au Boston Consulting Group, les start-ups dirigées par des femmes “rapportent 2,5 fois plus que celles fondées exclusivement par des hommes” en moyenne à moyens équivalents ce qui signifie qu’avec moins de moyens que les créateurs, les créatrices font mieux.  

Si les fonds sont plutôt réticents vis-à-vis des femmes, c’est en grande partie à cause des biais cognitifs sans oublier le fait que les principaux fonds français ne comptent aucune femme dans leur direction. Ces biais cognitifs consistent à croire que les femmes ont moins d’ambition, moins de caractère et moins de capacité à faire fructifier une entreprise. Ces biais sont en partie intégrés par les fonds, mais aussi par les femmes elles-mêmes qui ont souvent tendance à restreindre leurs ambitions, en partie parce qu’elles n’osent pas lever autant de fonds que des créateurs. En 2016, sur 600 start-ups qui ont levé des fonds, 11% avaient une femme à leur tête (Source : Baromètre Femmes Entrepreneures, StartHer, 2017). 

Par ailleurs, le manque de femmes en école d’ingénieur et dans les filières technologiques ne permet pas d’envisager une parité rapide dans la création de start-up. Pour cette problématique et celle des biais cognitifs, la solution principale, à long terme, est de concentrer l’éducation et la sensibilisation sur ces thématiques, pour montrer que la réussite d’une start-up ne tient pas à des différences de sexe. Enfin, il ne faut pas oublier l’impact de la vie personnelle des femmes sur leur activité professionnelle : l’impact est déjà important pour les salariées, il l’est d’autant plus pour les femmes à la tête de start-ups. Si la situation des créatrices est encore propice à de nombreuses améliorations, plusieurs sont déjà en cours ce qui est de bon augure pour les années à venir. 

Une mixité qui tend à s’améliorer 

Si les résultats ne sont pas encore satisfaisants, “nous voyons que les fonds ont pris le sujet sérieusement” indique Jessica Apotheker. Mais ces transformations sont lentes. En 2020 par exemple, l’écart de financement moyen s’est réduit de 8% : les start-ups d’hommes ont reçu 2,3 fois plus de fonds que les start-ups de femmes contre 2,5 fois en 2019. Sur la création de start-ups, l’amélioration est plus nette puisque les start-ups créées par des femmes représentent 21% du total des créations en 2021 alors qu’elles représentaient 17% en 2019De plus, en octobre 2019, 56 fonds français ont signé une charte pour s’engager à faire face à ce sujet, ils sont aujourd’hui 3 fois plus. Parmi eux, 80% ont adopté des “pratiques d’investissements plus inclusives et/ou fait rayonner les bonnes pratiques dans l’écosystème” start-up. Certains fonds se sont également engagés en recrutant davantage de femmes dans leurs équipes d’investissement, elles représentent désormais 35% des équipes, 2 points de plus qu’en 2020 (Baromètre Sista, 2021).   

Par ailleurs, une véritable solidarité se développe entre les femmes pour tenter de contrer les biais cognitifs et encourager à créer. Plusieurs programmes visent à accompagner ces femmes créatrices de start-ups : le Réseau Mentorat France, Sista Entrepreneur ou encore le programme #FemmesEntrepreneuses d’Orange. Ces initiatives, le plus souvent créées et organisées par des femmes, permettent d’aider financièrement mais surtout culturellement, via des conseils, idées et outils, les nouvelles dirigeantes de start-up à se développer. Le partage et la solidarité sont donc au cœur de cette démarche. Si tout cela est encourageant, il reste beaucoup à faire encore pour réduire les écarts entre hommes et femmes dans l’écosystème start-up qui semble s’ouvrir de plus en plus à la parité 

 

> Retrouvez les articles de Libération, Le Figaro et Elle sur ce sujet

> Egalement sur le site de la Fondation : Le Covid19 creuse les inégalités entre les femmes et les hommes et Quelles inégalités au travail entre femmes et hommes ?