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Quelles inégalités au travail entre femmes et hommes ?

Depuis le 3 novembre 2021 à 9h22, les femmes travaillent gratuitement d’après le collectif Les Glorieuses, signe qu’après des réductions des écarts, l’égalité salariale entre femmes et hommes n’est toujours pas acquise. Ces inégalités dépassent le cadre professionnel mais réduire les discriminations de sexe au travail, c’est s’approcher davantage d’une société égalitaire, la vie professionnelle étant de plus en plus corrélée à la vie privée. Aussi, intéressons-nous ici aux inégalités au travail entre femmes et hommes. 

Des inégalités salariales avérées et quantifiées 

Le jour à partir duquel les femmes travaillent gratuitement, si l’on compare leur salaire moyen à celui des hommes à temps de travail égal, a fait grand bruit sur tous les médias. Et pour cause : marquer l’inégalité par une date à parti de laquelle les femmes ne seraient plus payées est un moyen efficace pour matérialiser ces différences là où les chiffres peuvent paraître abstraits, aux yeux des concernées comme au reste de la société. En effet, d’après une étude Eurostat sur laquelle s’appuient Les Glorieuses, les salariées ont une rémunération 16,5% inférieure à celle des salariés à temps de travail égal. En comparant les salaires moyens, l’écart est encore plus impressionnant : les hommes gagnent en moyenne 22 193 euros par ans contre 16 299 pour les femmes, soit un écart de 28,5% d’après une étude INSEE de 2020. Ce chiffre est d’autant plus parlant qu’il témoigne d’une dynamique négative puisque l’écart était de 23,7% en 2018, soit de 5 points inférieurs à 2020. Rebecca Amsellem, fondatrice de la newsletter Les Glorieuses, indique que, compte tenu de l’évolution de cette donnée, l’égalité salariale entre les femmes et les hommes arrivera après 2234.  

Pourtant, ce chiffre serait-il tout à fait représentatif du véritable écart de salaires entre hommes et femmes ? A temps de travail égal et à poste équivalent, l’écart de salaire entre femmes et hommes serait de 5,3% d’après les chiffres INSEE de 2017. Si un salarié gagnait 3 000 euros, une salariée au même poste aurait donc un salaire de 2 871 euros. En utilisant ce nouveau chiffre, les femmes travailleraient gratuitement en 2021 à partir du 14 décembre, l’inégalité est toujours là. Par ailleurs, l’étude Eurostat sur laquelle s’appuient Les Glorieuses date de 2019, elle n’a donc pas encore intégré les effets de la crise sanitaire, positifs comme négatifs.  

Qui recouvrent des inégalités plus profondes

Quoi qu’il en soit, ce chiffre de 16,5% rend bien compte de l’inégalité salariale entre femmes et hommes, en ce qu’il permet d’exprimer d’autres inégalités tout aussi importantes. En effet, l’écart de salaire moyen à 28,5% comparé aux 16,5% à temps équivalent annoncé par Les Glorieuses témoigne tout d’abord que les femmes sont plus souvent contraintes d’accepter un emploi à temps partiel. Les femmes sont en moyenne 3 fois plus en contrat à temps partiel que les hommes, et 8 fois plus que les pères lorsqu’elles sont mères. À ces chiffres s’ajoutent ceux des tâches domestiques, car les femmes consacrent en moyenne 3h26 par jour aux tâches domestiques contre 2h pour les hommes ce qui a un impact sur la durée de loisirs dont dispose chacun : 3h20 pour les hommes et 2h45 pour les femmes par jour. Tout cela témoigne donc du poids de la famille et de son entretien qui pèse particulièrement sur le genre féminin, et nécessairement sur son travail. De plus, il est difficile de comparer les salaires des hommes et des femmes sachant que de nombreux postes sont genrés et peu accessibles ou proposés aux femmes. Enfin, de nombreuses inégalités dépassent ce chiffre de l’écart salarial mais comptent également dans le rapport des femmes au travail : leurs plus grandes difficultés pour obtenir une promotion, l’orientation scolaire différenciée 

Pour remédier, au moins en partie, à ces inégalités, Les Glorieuses proposent 3 mesures : 

  • Appliquer le principe d’éga-conditionnalité, c’est-à-dire conditionner l’accès aux marchés publics, l’obtention des subventions publiques et des prêts garantis par l’Etat au respect de l’égalité salarial dans l’entreprise 
  • Revaloriser les salaires des emplois où les femmes sont majoritaires  
  • Soutenir un congé parental payé de manière équivalente pour les 2 parents. 

 

> Retrouvez l’analyse des Echos Start sur les femmes qui travaillent gratuitement plus tôt d’année en année.

> Pour aller plus loin, le podcast « Après le Covid, quelles répercussions pour le travail des femmes ? »

> Et sur le site de la Fondation : l’égalité entre hommes et femmes dans le monde du travail en 2019 et le covid-19 creuse les inégalités entre les hommes et les femmes.