Rapports

L’apprentissage, un investissement efficace ?

Loué partout depuis plusieurs années, l’apprentissage semble avoir le vent en poupe. Et pour cause, plusieurs études ont démontré les bienfaits de cette immersion professionnelle particulière. Alors que les formations universitaires sont de plus en plus critiquées pour leur inadéquation au marché du travail par les employeurs mais aussi par les universitaires eux-mêmes, l’apprentissage apparaît comme la solution idéale pour un passage des études à la vie active efficace.  

L’université n’est pas adaptée aux réalités professionnelles 

Selon un récent sondage d’OpinionWay, 85% des chefs d’entreprises auraient une bonne image des universités notamment concernant le haut-niveau de diplôme (master et doctorat). Pourtant, ils sont également plus de 80% à penser que les universitaires ne sont pas assez préparés à la vie professionnelle et réclament donc une professionnalisation des formations. Dans le détail, 64% des chefs d’entreprises jugent les diplômés “insuffisamment prêts à travailler à l’international” et ils sont 44% à les considérer incapables de travailler en autonomie. Par ailleurs, les universités partagent la même volonté de professionnalisation des formations et réclament pour cela davantage de libertés. Toutefois, il est important de rappeler qu’aujourd’hui, les titulaires d’un master universitaire sont plus de 80% à trouver un emploi dans l’année qui suit l’obtention de leur diplôme. 

L’apprentissage, le formateur et créateur de valeur par excellence 

En se basant sur les données du gouvernement et de l’INSEE, le cabinet Astérès a constaté que l’apprentissage était “créateur de valeur aussi bien pour la société que pour les finances publiques” puisqu’un apprenti “rapporte directement entre 2 000 et 5 000 euros de plus à la collectivité”. De plus, sur 4 années, l’apprentissage aurait généré 425 000 emplois supplémentaires, 41 milliards d’euros de valeur ajoutée et 11 milliards d’euros pour les finances publiques. Dès lors, le cabinet conclut que “pour chaque euro investi dans l’apprentissage plutôt que dans la formation initiale et dans les aides aux jeunes n’ayant pas trouvé d’emploi, la valeur ajoutée augmente de 17% et les recettes publiques de 30%”. Par ailleurs, le 13 octobre 2021, la Ministre du Travail Elisabeth Borne s’est félicitée des 480 000 contrats d’apprentissage signés en depuis Janvier 2021, le record de 525 000 contrats de 2020 devrait être atteint et même dépassé d’ici la fin de l’année, signe que l’apprentissage séduit de plus en plus. 

Investir massivement dans les contrats d’apprentissage ? 

Ces chiffres illustrent bien le réel intérêt de l’apprentissage même s’il ne faut pas pour autant “extrapoler et considérer qu’il faudrait mettre tous les étudiants en apprentissage” précise Pierre Bentata, économiste chez Astérès. Par ailleurs, Marc-François Mignot Mahon, président du groupe d’enseignement privé Galileo Global Education et commanditaire de l’étude, souhaiterait qu’il soit possible de former à terme en alternance 20 % à 30 % des étudiants d’université. Pour cela, il faut, selon lui, instaurer « un droit universel à l’emploi-formation pour les 17-25 ans », reposant notamment sur une flexibilisation des contrats d’apprentissage qui pourraient débuter tout au long de l’année. S’il faut donc investir dans les contrats d’apprentissage, cela ne saurait pallier les écarts grandissants entre universités et entreprises. Professionnaliser les formations reste un sujet important, l’apprentissage peut y contribuer mais ne pourra pas résoudre le problème en intégralité.   

 

> Lire aussi : le Rapport Astérès, le sondage OpinonWay sur le sentiment des chefs d’entreprise à l’égard des universités et le sondage sur les présidents d’université prêts à adapter leurs formations

> Et sur le site de la Fondation : Après le Covid, comment gagner la bataille de l’emploi des jeunes ?