Travailleur passionné, entre enthousiasme et vigilance
En s’interrogeant sur le lien entre passion et travail, deux notions qui semblent s’opposer, Rozenn Le Carboulec donne la parole dans le podcast Travail (en cours) de Louie Media à Nathalie Leroux, sociologue et co-autrice du livre Le travail passionné (2015), et Hélène Weber, sociologue et autrice du livre Du Ketchup dans les veines. On apprend alors que l’idée d’associer passion et travail est une construction sociale récente qui est une formidable source d’équilibre professionnel et personnelle, mais qui peut avoir ses limites.
La passion au travail est de plus en plus valorisée
D’après Nathalie Leroux, le terme « passion » était pendant longtemps vu de manière négative. Dans l’antiquité et à l’époque classique, c’était « une maladie de l’âme » qui « brouille le jugement et empêche l’accès aux vérités ».
La revalorisation de la passion est le fruit d’une lente construction sociale. Elle donne un sens à notre existence, permet de nous différencier. Au travail, ce concept apparaît à partir des années 1980, alors que les organisations réduisent les structures hiérarchiques, et laissent plus d’autonomie aux salariés. C’est notamment le cas dans les secteurs du sport, de la culture, du tourisme, mais aussi du relationnel. Les entreprises elles-mêmes valorisent l’engagement dès le processus de recrutement, en priorisant les candidats passionnés par leur secteur d’activité. « L’entreprise exalte la passion des salariés pour ces activités afin de les faire adhérer au projet de l’entreprise », pour s’assurer ainsi de leur engagement.
Attention aux dérives de vivre de sa passion
Faire un travail qui nous passionne est l’objectif idéal, mais cela comporte des risques. Lorsqu’on se sent pleinement immergé et engagé dans l’entreprise, on peut se laissé dépasser et envahir par le sentiment d’appartenance, parfois au risque de s’oublier au profit du collectif.
Nathalie Leroux y analyse les bénéfices pour l’organisation : « un personnel qui adhère au projet de l’entreprise, qui converge avec sa passion, sera a priori peu enclin à remettre en question, à critiquer, à s’opposer à la politique de l’entreprise ». Quel est le prix à payer pour exercer un travail guidé par la passion ?
Travailler de sa passion, oui mais avec des conditions de travail normales et légales !
> Pour écouter ce podcast dans son intégralité
> Également à lire sur le site de la Fondation Travailler autrement, Retrouver du sens au travail, une question de bon sens ?