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L’importance de prendre en compte l’entreprenariat « hybride » 

On parle sans cesse davantage des nouvelles formes d’emploi, peut-être même ici plus qu’ailleurs. À l’échelle de la société on vante l’entreprenariat, l’indépendance comme moteur d’accomplissement ; dans les approches académiques on décortique ces discours et on scrute la réalité. Il existe toutefois un angle mort récurrent sur ce sujet, tant dans les approches médiatiques qu’académiques : le cumul de formes en d’emploi différentes, notamment dites « nouvelles ». Tout au plus en trouve-t-on la description dans les réflexions sur les « slashers », souvent partielles. 

Quelqu’un est-il entrepreneur s’il l’est seulement le week-end, protégé financièrement et socialement par son statut de salarié ou d’agent de la fonction publique ? Quelle que soit la réponse à sa question, on sait qu’il existe une part importante d’entrepreneurs qui cumulent leur activité entrepreneuriale avec une autre activité rémunératrice. C’est à cette population spécifique que s’intéressent Dieter Bögenhold et Andrea Klinglmair dans leur article Independent work, modern organizations and entrepreneurial labor: Diversity and hybridity of freelancers and self-employment  Ils comparent tout d’abord des données autrichiennes avec plusieurs autres pays européens, avant d’exploiter les chiffres d’une enquête autrichienne plus détaillée. 

L’intérêt pour nous de cette étude autrichienne ? La part significative d’autoentrepreneurs en France pour qui ce n’est pas une activité unique ou principale. On ne saurait comprendre, commenter ou encore plus encourager ces nouvelles formes d’emploi sans prendre en compte cette dimension. Or les chiffres autrichiens montrent des écarts dans les caractéristiques démographiques des deux populations, entrepreneurs mono-activité ou hybrides. 

Les activités des entrepreneurs mono-activité et hybrides sont aussi différentes, dans le cas de cette étude : davantage de métiers de prestations intellectuelles effectuées depuis le domicile. Toutefois, on trouve sans doute là un écart du au jeu de données mobilisé par les chercheurs puisque les métiers de l’autoentreprise ne correspondent pas forcément à cela en France. 

Cet article clair et didactique a donc l’intérêt de montrer l’importance de rentrer dans le détail dès lors qu’on parle de ces populations, quand bien même elles seraient difficiles à identifier ou à mesurer. A quand une étude similaire pour la France ? 

Pour en savoir plus : L’article de recherche complet (en anglais)