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3 questions à… Samuel Roumeau, président de Ouishare

Après 5 ans d’aventure entrepreneuriale chez Ouishare, Samuel Roumeau en est devenu Président pour aider le collectif à s’épanouir, à titre bénévole. Né il y a 7 ans, Ouishare est aujourd’hui un réseau international qui s’appuie sur 60 connectors (membres actifs) et des milliers de membres, dans 20 pays d’Amérique Latine et du Nord, d’Europe et du Moyen-Orient. Samuel Roumeau est également directeur du projet Mille Lieux dont il nous révèle ici les grands enseignements. Eclairage. 

Quels sont les grands enseignements du rapport Mille Lieux que vous avez publié récemment ?

Primo, ces lieux appellent à rien de moins qu’une petite révolution en acceptant d’inventer la ville de façon non programmée, de laisser ceux qui y vivent la dessiner selon leurs envies et leurs besoins. Secundo, ils proposent un cadre de confiance absolument crucial dans une société atomisée. Cette propension à créer du lien précède toute réflexion sur un éventuel développement économique. Tertio, ils génèrent de la fierté pour les habitants et permettent de redynamiser des centres-villes grâce à une programmation et des connexions de qualité.

Plus surprenant, ils n’ont pour l’instant qu’un faible impact en matière de transition écologique. Si les circuits courts sont bien intégrés dans la plupart des projets, les questions d’énergie et de mobilité douce sont laissées en retrait faute de temps et d’expertise.

Suite à l’exploration Mille Lieux, comment, selon vous, la définition des tiers-lieux a-t-elle évolué ?

Ce travail met en exergue l’hybridation d’activités et de profils qu’on trouve dans ces lieux. Il reprécise la nécessaire création de communs, qui différencie ces lieux des grandes surfaces par exemple. Il contribue à porter davantage l’attention sur les usages effectifs et moins sur l’intention des projets. Les tiers-lieux semblent être une forme de mobilisation nouvelle à petite échelle, localement et en réseau. Il n’y a pas d’histoire unique mais de multiples discours, une réalité complexe. Ces aspects doivent être bien appréhendés par les porteurs de projets, promoteurs et élus locaux pour éviter toute approche utilitariste, incompatible avec l’esprit tiers-lieux.

Pour vous, comment se nourrissent respectivement l’émergence des tiers-lieux, travail indépendant et la digitalisation du monde du travail ?

Ces trois phénomènes ne sont pas nécessairement liés de facto. Mais on voit bien que certaines évolutions font émerger des questions intéressantes. Certaines études commencent à montrer que les centres commerciaux deviennent peu à peu des espaces de travail. Les choix de vie de nombreux freelances urbains les poussent à s’installer à la campagne et à travailler dans des lieux insolites. La porosité entre modes de vie urbain et rural porte même un nom : le campadisme.

A mes yeux, la vraie révolution des tiers-lieux réside dans leur capacité à proposer des espaces de dialogue, de projets, bref, de démocratie. Et préparent ainsi la transition du travail vers l’activité, et de l’activité vers l’oeuvre. Au cœur de tout ça se trouve la confiance. Et la capacité à (se) faire confiance est probablement l’enjeu de notre siècle.

> Egalement a lire sur le site de la Fondation Travailler autrement, Objectiver l’impact des tiers-lieux dans la fabrique des villes

> Pour accéder au rapport complet,  au compte rendu de la soirée de restitution et à l’article concernant le rapport « Faire ensemble pour mieux vivre ensemble » de Patrick Levy-Waitz