plateformisation_digitalisation_automatisation
Observatoire
Références

Automatisation, digitalisation et plateformes

Le rapport « Automatisation, digitalisation et plateformes : implications pour le travail et l’emploi » rédigé par Enrique Fernández-Macías (Eurofound) dresse un panorama complet et limpide des enjeux économiques et sociaux des évolutions technologiques actuelles. Il analyse notamment de manière synthétique et particulièrement claire les quatre conséquences macro-économiques de ces nouvelles technologies, et de là leurs trois conséquences sur l’emploi et le travail.

Révolution et stagnation

L’auteur rappelle quelques clefs contextuelles en introduction, notamment que si cette ère se caractérise par le fait que les évolutions technologiques sont des révolutions et non des incrémentations, elle est aussi paradoxalement une période de stagnation de la croissance. Cela questionne la création de valeur ajoutée de ces nouvelles technologies. Par ailleurs, l’auteur rappelle que toute évolution technologique entraîne des déséquilibre sociaux-économiques, auxquels répondent ensuite des mécanismes de régulation économiques ou des interventions des États pour rééquilibrer le système. Ainsi, la protection sociale est un rééquilibrage des déséquilibres causés par l’innovation technologique qu’était le Fordisme. De ce constat, il conclue que si les déséquilibres causés par l’automatisation, la digitalisation et les plateformes sont en train d’apparaître, il faudra alors les réguler par de nouvelles interventions.

Quelles sont les caractéristiques de ce nouveau contexte technologique ?

A un niveau macro-économique, ce nouveau contexte technologique se distingue par quatre caractéristiques :

  • Une flexibilisation de la production : là où dans un système mécanisé, fordiste, c’était l’être humain qui apportait l’intelligence et la flexibilité, les nouvelles technologies sont en mesure de se passer de l’intervention humaine. Autrement dit, l’informatique et à termes l’intelligence artificielle font disparaître de plus en plus la nécessité d’une intervention humaine dans les processus de production.
  • Une diminution de ce qu’on nomme « les coûts de transaction » : l’information est accessible de manière plus exhaustive et systématique, ce qui permet une optimisation des efforts économiques pour qui dispose de cette information. Ce sont plutôt les géants du numériques ou les plateformes qui ont un accès complet à l’information : les données de leurs clients, usagers ou prestataires.
  • L’absence de « coût marginal » sur les biens et les services numériques : cela permet une croissance des entreprises par l’ouverture de nouveaux marchés sans commune mesure avec l’économie traditionnelle. C’est ce qui explique la croissance et la valorisation boursière de certaines start-up.
  • Un effet réseau : plus un service de la nouvelle économie est utilisé, plus il est utile (et non l’inverse, comme dans l’économie traditionnelle). Par exemple, plus il y a de personnes présentes sur un réseau social et plus il est utilisé pour diffuser de l’information (évènements, médias, etc.) plus il est utile pour un utilisateur d’y être.

Des enjeux pour l’emploi et le travail dans nos sociétés

Ces quatre dimensions entraînent plusieurs conséquences ou enjeux pour l’emploi et le travail dans nos sociétés :

  • Une automatisation de plus en plus importante du travail, qu’il soit physique ou, et c’est nouveau, intellectuel. Cela entraîne des recompositions dans l’emploi et des changements (souvent positifs) dans les conditions de travail (disparition de travaux pénibles ou aliénant)
  • Une digitalisation des processus, qui permet notamment de séparer le lieu d’exécution du travail et de sa commande et d’optimiser ou de pister la réalisation du travail. Cela entraîne un effet inverse du point précédent, avec une plus grande aliénation dans le travail
  • Enfin, la coordination par plateforme d’acteurs indépendants (C2B2C ou B2B2C) est rapidement évoquée

L’auteur rappelle en conclusion de ce panorama l’importance d’étudier ces évolutions et de réfléchir à ce qu’elles entraînent pour la société et comment la société doit y répondre. Toutefois, il pointe trois risques des réflexions sur ce sujet : l’optimisme injustifié (voir en la technologie un outil ultime d’émancipation et d’amélioration sociale), le pessimisme infondé (craindre uniquement les effets délétères de ces technologies sur la société) ou des études mal ciblées (étudier la technologie et non ses conséquences sociales).

Enfin, trois revues de littérature approfondie viennent compléter et enrichir ce rapport, en permettant d’explorer chacun des thèmes de manière plus détaillée (l’automatisation, la digitalisation et les plateformes).

> Pour en savoir plus

> A lire également sur le site de la Fondation Travailler autrement, Impact du numérique sur l’emploi : continuités et ruptures