Observatoire
Rapports

Le temps de trajet domicile-travail et ses impacts

Alors que les français sont prêts à travailler de plus en plus loin de leurs domiciles, une étude Paris Worplaces SFL-IFOP publiée en mai 2018, dans le cadre du thème d’étude de la mobilité sur et autour du lieu de travail, entend analyser les conséquences du temps passé dans les transports sur les salariés. Réalisée sur 2 000 salariés franciliens, elle apporte plusieurs enseignements sur les effets de l’allongement du temps de trajet sur le bien-être, la fidélisation, le temps de travail et les relations sociales des salariés.

Quelles sont les conséquences concrètes de ces trajets quotidiens sur les salariés et sur les entreprises ? La productivité et la sérénité sont-elles affectées ?  Plusieurs conclusions ressortent de ce rapport.

L’heure de trajet fatale

Tout d’abord, la conclusion assez attendue, une heure de trajet est le seuil au-delà duquel l’insatisfaction explose. Dans l’ensemble, 49% des salariés interrogés estiment que leur trajet est désagréable. De plus, le sentiment de désagrément diffère fortement en fonction du temps passé dans les transports.

En effet, parmi les salariés faisant un trajet de moins de 40 minutes, seulement 29% considèrent leurs trajets désagréables alors que la proportion atteint 75% pour les salariés effectuant un trajet de plus de 60 minutes, soit plus de 2 heures par jour passés dans les transports. La moyenne se retrouve pour les salariés effectuant entre 40 et 60 minutes de trajet (45% de désagrément).

Le dépassement de l’heure de trajet est donc hautement significatif dans le vécu des salariés.

Un impact sur le bien-être au travail

Autre observation, il existe une corrélation entre le temps de trajet et l’auto-évaluation du bien-être au travail par les salariés. Les salariés les plus heureux sont ceux qui effectuent le temps de trajet le plus court avec une note de 6.8/10, contre 6.4/10 pour les salariés ayant un trajet de plus d’une heure. Un trajet désagréable va donc influencer le moral des salariés et l’entreprise à l’arrivée.

Plus le trajet est long, plus la présence en entreprise est courte

Aussi, l’étude montre que le temps de présence au bureau est diminué pour les salariés faisant plus de 40 minutes de trajet. Lorsque celui-ci dépasse 40 minutes, les salariés restent en moyenne 16 minutes de moins que leurs collègues : 8h20 par jour contre 8h36 pour les salariés habitant près de leur lieu de travail.

Cela parait peu mais les conséquences de ce quart d’heure quotidien sont plus visibles si on les rapporte sur une année. En effet, cette différence représente, 8 jours de travail par an.

Des relations sociales affectées

La qualité des relations sociales entre collègues est aussi touchée par le temps de trajet, ce qui peut affecter le moral des salariés et la productivité de l’entreprise, par ailleurs. Les salariés considèrent-ils leurs collègues uniquement comme des collègues ou aussi comme des amis ?

Seuls 29% des salariés ayant plus d’une heure de trajet considèrent aussi leurs collègues comme des amis, contre 41% pour ceux ayant moins d’une heure de trajet.

Plusieurs explications possibles :

  • le stress accumulé dans les transports,
  • le temps réduit passé au bureau,
  • moins d’occasion de s’attarder pour sociabiliser après le travail.

L’enquête révèle ainsi que les salariés habitant à plus de 40 minutes de leur bureau sont deux fois moins nombreux à prendre des pots avec leurs collègues à une fois la journée de travail terminée.

Une moindre fidélisation des salariés

Enfin, les salariés ayant un long temps de trajet sont plus susceptibles de se séparer leur entreprise. Certains préfèreraient même quitter Paris pour travailler en province. Les salariés interrogés ont été invités à s’exprimer sur le temps qu’ils pensaient rester dans leur entreprise actuelle. La moitié des salariés vivant à moins de 20 minutes de leur entreprise envisagent d’y rester plus de 5 ans mais ceux qui habitent à plus de 60 minutes ne sont qu’un tiers à penser la même chose. Un élément qui est peut être lié à la mobilité croissante des salariés.

La durée de transport influence finalement pour beaucoup le bien-être au travail et le contenu travail en lui-même. Les risques liés aux trajets domicile-travail ne sont pas considérés comme prioritaires par rapport à d’autres risques plus visibles ou mieux connus.

Pourtant des solutions ont commencé à émerger pour lever les freins liés aux temps de trajet. Par exemple, il a été envisagé d’aménager le temps de travail de certains salariés pour leur permettre d’éviter les heures de pointe. Le télétravail est aussi une solution qui se développe mais ne permet pas une meilleure socialisation avec ses collègues.

> Pour lire l’étude dans son intégralité

> Egalement à lire sur le site de la Fondation Travailler autrement, Le temps de travail : de sa durée légale aux vécus quotidiens