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SE RECONVERTIR AUJOURD’HUI : COMMENT RÉUSSIR SA TRANSITION ?

Dans un contexte marqué par des transformations profondes du marché du travail, la reconversion professionnelle devient un enjeu majeur pour de nombreux actifs. Qu’elle soit motivée par des impératifs économiques, sociaux ou personnels, elle représente une réponse aux évolutions en cours. Si de nombreux dispositifs d’accompagnement existent, la réussite de chaque parcours repose avant tout sur la capacité à personnaliser cette transition et à l’adapter aux aspirations et aux défis individuels.

La reconversion, pour quoi faire ?

Autrefois perçue comme un signe d’instabilité ou d’échec, la reconversion professionnelle est aujourd’hui devenue un choix légitime et valorisé dans les parcours de carrière. Ce changement de perception s’explique par les mutations profondes du marché du travail, qui redéfinissent notre relation au travail et aux métiers. Les chiffres le confirment : selon le baromètre 2024 de la formation et de l’emploi de Centre Inffo, près de la moitié des actifs envisagent un changement de métier.

Ces transitions professionnelles ne sont pas seulement une réponse aux bouleversements économiques, mais aussi une quête active de sens et d’épanouissement. Elles peuvent être  subies, notamment en raison des mutations technologiques ou des crises sectorielles qui rendent certains métiers obsolètes et qui peuvent engendrer des licenciements. Elles peuvent aussi être choisies : pour s’épanouir davantage, car notre métier actuel ne nous plaît plus, ou que l’on souhaite voir autre chose. Catherine Beauvois, directrice du projet Compétences 4.0 de France Travail, souligne : “La quête de sens, la recherche de nouveaux équilibres entre vie privée et professionnelle, renforcées par les transitions numérique, écologique et générationnelle, ont relancé la reconversion.”

Ce regain d’intérêt est aussi porté par un contexte institutionnel favorable. Des réformes comme la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, la mise en place en novembre de chaque année de la journée nationale de la reconversion ou encore le Compte Personnel de Formation (CPF), illustrent cette volonté de faciliter et d’encourager les parcours de transition. Mais la reconversion professionnelle présente également un intérêt majeur pour les entreprises. Elle contribue à l’adaptation du marché du travail en orientant les actifs vers les secteurs en tension ou porteurs d’emplois, répondant ainsi aux besoins croissants de compétences. Sur le terrain, des structures comme Alméa illustrent cette dynamique : dans le Grand Est, l’organisme accompagne demandeurs d’emploi et salariés en reconversion vers des filières essentielles mais souvent en manque de main-d’œuvre, telles que la logistique, la maintenance automobile ou encore les métiers de bouche.

 

La difficile réalité du parcours

Cependant, ce chemin vers la reconversion n’est pas toujours linéaire ou même facile. Pour beaucoup, le parcours peut s’avérer complexe, voire décourageant. En effet, se reconvertir demande une remise en question profonde, non seulement des compétences acquises mais aussi de ses aspirations et de ses capacités. La peur de l’échec, le doute sur sa capacité à réussir dans un nouveau domaine, ou encore la crainte de l’inconnu sont autant de freins psychologiques qui ralentissent le processus, et  notamment chez les plus de 45 ans ou les publics éloignés de l’emploi. Les freins matériels sont tout aussi contraignants : difficulté à trouver le temps nécessaire pour suivre une formation, manque d’informations sur les dispositifs existants, complexité des démarches  administratives… Ainsi, parmi la moitié des actifs envisageant une reconversion, seulement 8% passent à l’action chaque année.

Et même lorsqu’une reconversion est envisagée, elle n’est pas toujours facile à concrétiser. Isabelle Dauchel, ex gestionnaire de paie devenue data analyst par exemple, a vu sa demande de financement pour une formation refusée par Pôle emploi, simplement en raison de son niveau d’études (un bac+5). Cela met en lumière un autre problème : les dispositifs actuels, bien qu’abondants, restent souvent mal orientés ou trop rigides, voire “complexes, mal ou très peu pilotés”. Nombreux sont ceux qui n’arrivent pas à naviguer dans cette complexité, ou qui, malgré une forte volonté de se réorienter, peinent à trouver des formations adaptées.

Il existe pourtant une multitude de solutions, mais leur efficacité dépend fortement du suivi personnalisé et de la capacité des individus à naviguer dans ce système. La clé du succès résiderait alors dans l’accompagnement.

 

Une voie possible, à condition d’être bien accompagné

Le bilan de compétences est souvent la première étape décisive. Il permet de faire un point sur ses aptitudes et d’identifier les métiers vers lesquels on peut se réorienter. Par exemple, le Conseil en Évolution Professionnelle (CEP) offre un suivi personnalisé pour aider à formuler un projet de reconversion, comme cela a été le cas pour Bertrand, Marc, Clémentine et Nelsina, quatre ex cadres qui se sont réorientés vers les métiers de l’environnement grâce à l’accompagnement de Mon job de sens. Ce type d’accompagnement est particulièrement utile pour structurer un parcours et déterminer des actions concrètes, notamment en matière de formation.

Le Projet de Transition Professionnelle (PTP), quant à lui, permet aux salariés de se former tout en conservant une rémunération partielle. Ce dispositif est crucial pour des reconversions dans des secteurs en forte demande, comme le numérique. Ce type de solution permet de réduire les risques financiers associés à une reconversion, qui représentent le frein principal pour 82% des salariés interrogés par IFOP en 2023. Des structures comme Objectif Futur, fondée par Marine Meunier, proposent d’aider les actifs à clarifier leur projet ou à passer à l’action. Éligible au CPF, l’accompagnement reste abordable, avec environ 100 € de reste à charge. Des écoles comme Simplon ou 42 proposent également des formations intensives dans des métiers numériques, accessibles sans diplôme préalable, et financées par des dispositifs comme le CPF. Ces formations offrent une reconversion rapide et adaptée aux besoins du marché. En 2023, près de 70 % des diplômés de Simplon ont trouvé un emploi dans les six mois suivant leur formation, illustrant l’efficacité de ces parcours, notamment pour les personnes éloignées du secteur informatique à l’origine.

Enfin, des projets comme Territoires zéro chômeur de longue durée montrent que l’accompagnement social peut jouer un rôle déterminant. Ce programme, qui permet à des personnes éloignées de l’emploi de trouver des postes utiles à la collectivité (comme dans le recyclage ou l’entretien des espaces publics), a permis de réduire le chômage dans certains territoires en réorientant des compétences vers des secteurs nécessaires mais souvent négligés. Ce type de démarche collective favorise non seulement la reconversion, mais aussi la revitalisation des territoires

 

La reconversion professionnelle va bien au-delà du simple changement de métier individuel. Elle incarne une réponse nécessaire aux mutations du marché du travail et un levier pour maintenir une employabilité durable. Si les obstacles sont réels, les solutions existent et les réussites sont multiples. À travers un accompagnement adapté et des dispositifs flexibles, chacun peut trouver sa voie et s’épanouir dans une nouvelle trajectoire professionnelle !

 

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