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3 questions à Mélanie Tisserand Berger, présidente du CJD

Le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) est un mouvement qui représente dirigeants et cadres dirigeants en France et dans 16 autres pays à travers le monde depuis 1938. Imaginé à partir de la conviction qu’une économie au service de l’Homme incarne la clé de la compétitivité des entreprises, ce mouvement est une source d’intelligence collective qui apporte des réponses de terrain aux enjeux sociétaux, notamment en termes d’emploi. Mélanie Tisserand-Berger, dirigeante d’une TPE, a présidé le CJD région Centre Île-de-France avant d’être élue à la présidence nationale en 2021. Elle a pris ses fonctions en juillet 2022, aux côtés de Thomas Bourghelle, vice-président. Leur ambition ? Accompagner les membres du CJD, en leur donnant les moyens d’animer des communautés, de communiquer du concret, et de changer en faisant preuve d’audace. Ils s’engagent aussi à inscrire sur le long terme l’ensemble des actions environnementales et sociétales déjà initiées par le mouvement.

Alors que le projet de report de l’âge à la retraite a placé la question de l’emploi des seniors au cœur des débats et que le bouleversement du rapport au travail lié à l’arrivée progressive de la génération Z sur le marché obsèdent les médias, pensez-vous que les dirigeants ont un rôle à jouer face à ces défis de générations ?

 

Les dirigeants d’entreprise qui adhèrent au CJD s’inscrivent dans un mouvement dont l’ambition est de permettre à toutes les générations de profiter pleinement de leur travail. Si les médias en parlent souvent, c’est aussi que l’enjeu est réel ! Les besoins des nouvelles générations ne se résument pas aux conditions matérielles qui leur sont proposées ; elles aspirent à être écoutées, à coopérer avec leur dirigeant et leurs collègues, pour que leur travail ait du sens et soit un vecteur d’épanouissement et d’apprentissage.

Cet apprentissage c’est le trait d’union avec les générations qui les ont précédées et qui détiennent une expertise qu’il ne faut pas perdre dans l’entreprise. Au CJD, nous défendons ainsi de faire évoluer l’emploi des séniors, de proposer des postes innovants qui leur permettent de transmettre : management de transition, mentorat… Et c’est au dirigeant d’accompagner cela dans son entreprise.

 

Quatre générations cohabitent dans l’entreprise. Dans le cadre des formations dispensées par le CJD, comment conseillez-vous les dirigeant.es et dirigeant.es en devenir face à l’enjeu de la collaboration intergénérationnelle en entreprise ?

 

Le CJD c’est avant tout une école du dirigeant, un laboratoire d’idées et de créativité qui s’appuie à la fois sur une forte modernité d’engagement des 58000 dirigeants, et à la fois sur plus de 4 décennies d’histoire : il a été créé en 1938 rappelons-le. Il faut réussir, en entreprise aussi, à conjuguer l’expertise de ceux qui portent l’histoire et la dynamique de ceux qui veulent changer l’avenir.

Les différences d’âge, d’expérience, soft skills ou hard skills sont autant d’opportunités pour les dirigeants de construire une équipe riche et performante sur les plans opérationnels et humains. Parmi nos offres de formations, nous proposons un module sur la manière d’allier les profils hétérogènes, pour transformer chaque différence en force.

 

Dans une interview pour Le Bien Public, vous avez dit : « L’économie au service de l’Homme c’est bien, au service du vivant c’est mieux ». En quoi pensez-vous que cette nouvelle vision de l’entreprise, partagée par une bonne partie des jeunes diplômés qui arrivent doucement dans le monde du travail, va transformer le rôle de dirigeant ?

 

Aujourd’hui, les transitions sociétales ne concernent plus seulement l’Homme, mais tout le monde vivant – le dernier rapport du GIEC nous le rappelait encore récemment. L’entreprise et son dirigeant sont un maillon important de cette réponse, et ceux qui adhèrent au CJD en ont une conscience aigüe. Au CJD, l’un de nos parcours emblématiques s’appelle « Copernic », celui qui a découvert que la Terre n’est pas le centre de l’univers. Et de la même manière, le dirigeant n’est pas au centre de l’entreprise, il est devant, et doit en canaliser les forces et les compétences.

S’ils ne sont pas au centre du monde, les dirigeants y assument néanmoins une vraie responsabilité. Il faut donc accélérer ce changement de posture et le généraliser, pour accompagner les transitions que les défis exigent : changer d’indicateurs de performance pour cesser de prétendre à une croissance sans fin dans un monde fini, tendre vers la sobriété plutôt que vers le « toujours-plus », se donner des objectifs de sens, de bien-être et d’intelligence collective en entreprise et dans nos modes de vie… Là où nous avons de la chance, c’est que l’élément clé de l’entrepreneuriat consiste à se tourner vers l’avenir, en comprenant le monde. Cette dynamique a déjà commencé à transformer le rôle et la posture du dirigeant au CJD. Et on le voit tous les jours dans nos entreprises : cette posture libère vraiment les énergies des collaborateurs, et fera une vraie différence pour faire progresser la société et préserver la planète.

 

> Consultez le site du CJD

> Pour aller plus loin, sur le site de la Fondation Travailler autrement : La collaboration intergénérationnelle : un défi pour les entreprises ?, Equilibre de vie, sens, éthique… Les nouvelles clés pour fidéliser les jeunes, 3 questions à Hortense Harang, co-fondatrice de WeTradeLocal.io et de Fleurs d’Ici