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Travailler autrement, la réponse des jeunes face au défi climatique

Dans son ouvrage « La Révolte. Enquête sur les jeunes élites face au défi écologique », la journaliste Marine Miller tente de dresser les contours et les conséquences d’une tendance manifeste : la prise de conscience par les jeunes diplômés du supérieur du défi climatique et écologique auquel notre monde est confronté.

Ce livre est issu de la convergence d’évènements médiatiques et sociaux au fil de ces dernières années. Appels publics, lettres ouvertes, contestations de campus,… à intervalles réguliers depuis 2016 le monde des universités françaises d’excellence et, surtout, des grandes écoles, a été pris à parti sur son positionnement face aux enjeux climatiques.

Journaliste au Monde Campus, Marine Miller a traité ces questions pour le quotidien. Ce sont tous ces témoignages accumulés, ces enquêtes allant dans le même sens, qu’elle a rassemblé et consolidés dans cet ouvrage.

Divisé en dix chapitres, chacun assez court, ce travail présente dans un style simple et fluide un ensemble de faits et de situations, qui débuteraient en 2018, année charnière de plusieurs prises de conscience collectives. Il commence par rappeler les enjeux et le fonctionnement en France des « grandes écoles », pour étudier la manière dont la critique y couve et comment les écoles y répondent. L’auteure tente d’identifier ensuite les parcours que peuvent présenter les jeunes issus de ce système, selon que leurs désillusions soient arrivées dès leurs études ou dans les années suivantes, selon qu’ils et elles tentent de changer le système de l’intérieur ou de l’extérieur, qu’ils se révoltent ou qu’ils cherchent à bâtir des alternatives, en général locales.

C’est un livre de journaliste. Particulièrement bien écrit, il utilise le témoignage des personnes concernées comme principale structure démonstrative. On pourra de fait lui reprocher une incapacité à mesurer précisément le phénomène, bien que sa réalité soit parfaitement établie, ou un manque de parole donnée aux acteurs périphériques de cette dynamique (les entreprises, les jeunes diplômés issus des classes davantage populaires). Mais il porte en contrepartie une indéniable capacité à transmettre les doutes et le malaise de cette génération, à en présenter les hésitations et les incertitudes.

Il montre enfin que cette question est indissociable de celle du travail. « Travail », car ce n’est qu’à cela que forme un diplôme. « Travail », car c’est aussi par sa remise en question que s’expriment les doutes et les aspirations de ces jeunes désenchantés : démissions, recherche de sens, bifurcations, abandons des métiers pour lesquels ils et elles ont été formés… Travailler autrement est un levier possible pour ces jeunes, même si leur prise de conscience ne s’arrête pas à cela et que cela ne saurait tout résoudre (au contraire).

L’auteur

Spécialiste de l’éducation, Marine Miller est journaliste au Monde.

La citation

« Mais surtout cette découverte, au gré de conférences de climatologues, d’économistes, de lectures de rapports scientifiques, de documentaires sur YouTube, a été menée en dehors de leur formation. ‘’Comment notre génération a-t-elle pu échapper au dérèglement climatique, à l’extinction de la biodiversité et aux conséquences de ces changements ? Comment avons-nous pu traverser ces trois, quatre, cinq années d’études supérieures sans comprendre ce qui nous attend dans les années à venir ?’’ se demandent-ils. »

> Pour en savoir plus

> A lire, Management bienveillant et RSE : ce que les jeunes générations attendent de l’entreprise