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Le bureau, vestige d’un monde oublié ? Pas si sûr !

Les entreprises du tertiaire ont vu leur organisation transformée par la crise sanitaire : mise en place du télétravail, gestes barrières, réunions à distance… Et certaines de ces transformations vont s’ancrer sur le long terme, amenant à une redéfinition du bureau. Que va-t-il rester du bureau, comment va-t-il évoluer pour répondre aux nouvelles attentes ?

Un besoin d’optimiser l’espace

Les modes de travail vont évoluer de manière durable : dans les emplois tertiaires, les salariés et leurs managers privilégient maintenant le travail hybride, qui consiste en travailler une partie du temps au bureau, une autre partie à distance. Cela a un impact direct sur les bureaux qui sont délaissés : entre les vacances, les arrêts maladie et le télétravail, les bureaux ne sont plus jamais à 100% occupés. Selon l’Institut de l’épargne immobilière et foncière, le développement du télétravail va entraîner, en ce qui concerne l’immobilier de bureaux, une baisse de la demande de 4 à 24% sur 10 ans.

Il est donc maintenant question pour les entreprises de réfléchir pour optimiser ces espaces vides. Cela permettrait de plus de réduire les coûts destinés à l’immobilier, second poste de dépense après les salaires, alors qu’il est urgent de faire des économies. En majorité, les entreprises vont donc réduire les espaces de bureaux individuels, pour se concentrer sur les bureaux collectifs.

Le magazine Capital (numéro d’Octobre 2020) s’est également pris au jeu d’imaginer le bureau de demain : il imagine des quartiers d’affaires mixes, où l’on voit les bureaux cohabiter avec les logements. Le bureau doit davantage être pensé comme une continuation des espaces de vie.

Le bureau n’est pour autant pas en voie d’extinction ; tous les salariés ne télétravaillent pas. Il faut donc pouvoir demain rendre le bureau plus attractif et plus flexible, alors que les salariés souhaitent avoir la possibilité de choisir leur espace de travail, et privilégient depuis la crise du Covid-19 leur qualité de vie.

Une revalorisation des espaces périurbains

Le rapport à l’espace périurbain est en train de changer ; avec les confinements successifs et le développement du travail à distance, beaucoup de salariés habitant dans les grandes villes ont décidé de sauter le pas de vivre plus loin de la ville, pour privilégier une meilleure qualité de vie. C’est rendu plus facile maintenant que l’on peut travailler à distance, sans avoir besoin de prendre les transports tous les jours. Selon un sondage OpinionWay pour Wojo, si demain ils n’avaient à venir qu’au bureau que deux jours par semaine, près d’un salarié sur deux envisagerait de déménager.

Afin de s’adapter à cette fuite des grandes villes et accueillir les travailleurs en journée, les espaces périurbains doivent mettre en place de nouvelles infrastructures : restauration, commerces de proximité, espaces de coworking… Les entreprises doivent également s’adapter pour retenir leurs talents : beaucoup envisagent pour l’avenir de créer des antennes régionales, des petits hubs, au lieu de chercher à regrouper toutes leurs activités dans de grands centres d’affaires. D’après Stéphane Bensimon, CEO de Wojo, « Demain, c’est l’entreprise qui devra rapprocher le bureau de ses salariés, et non l’inverse ». Cela permettrait de mieux répartir les espaces de travail sur le territoire.

Il ne faut pas oublier que ces changements concernent principalement le bureau du tertiaire, et les métiers qui offrent la possibilité de faire du télétravail. Toutes les entreprises françaises – à commencer par le secteur de l’industrie – ne sont pas concernées.

Comment réinventer le bureau ?

Beaucoup de salariés ne voient plus l’intérêt de retourner au bureau. Il faut leur redonner l’envie d’y aller, les attirer. Selon le même sondage OpinionWay pour Wojo, pour un tiers des salariés, les lieux de travail doivent maintenant profondément changer et proposer de nouveaux espaces, plus attrayants, diversifiés, mixant postes de travail individuels, open spaces, lieux plus conviviaux… Le bureau à la carte (notamment le flex-office) est maintenant l’option privilégiée, car c’est la plus rentable, respectueuse de l’environnement, et elle prend en compte le bien-être et la sécurité des collaborateurs.

Un nouvel espace de travail va également continuer de se développer : il s’agit du tiers lieu. C’est un bon compromis, qui permet d’éviter les longs déplacements jusqu’au bureau, mais également d’être dans un endroit plus propice au travail que la maison. Les villes auront tout intérêt à développer les tiers lieux : ils sont un atout pour le territoire et une réelle réponse pour les salariés ou les indépendants qui souhaitent trouver une communauté de travail, développer leur créativité, développer leur réseau…

Le bureau tertiaire est donc amené à évoluer : plus vert, plus flexible, plus diversifié…  « La crise du Covid-19 n’a rien révolutionné dans ce domaine, mais elle a donné un coup d’accélérateur à des tendances qui existaient déjà » – Samuel Metias, président fondateur de la start-up Comeet et membre du mouvement HappyTech.

> Egalement à lire sur le site de la Fondation Travailler autrement, Télétravail et tiers lieux