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Classifier le travail dans la nouvelle économie (Classifying work in the new economy – Cappelli et Keller, 2014)

Les auteurs (Capelli et Keller, USA) proposent une classification des formes d’emploi alternatives, mises en perspective des contrats réguliers à temps plein, pour donner du sens à ces nouvelles pratiques contractuelles.

Cet article  publié dans une des principales revues académiques de sciences de gestion, analyse la diversité que peut prendre, aujourd’hui, la relation d’emploi. Les auteurs partent du constat qu’il devient difficile d’opposer contrat régulier et contrat atypique : les relations contractuelles sont parfois désormais plus longues dans les formes alternatives d’emploi, les entreprises embauchent directement en travail temporaire des personnes sans passer par des agences (aux USA)… Par ailleurs, l’emploi « régulier » vit également un changement  à travers le télétravail ou le développement de secteurs importants dédiés à la sous-traitance de fonctions entières des organisations.

Les auteurs proposent un classement de toutes les formes d’emploi selon trois variables :

  • Le contrôle du donneur d’ordre sur le processus de travail,
  • Le contrat et la nature de la relation de travail,
  • Les parties impliquées dans les relations de travail.

Classifier-travailAu-delà de ce classement, les auteurs soulignent que la littérature sur la question manque de vocabulaire commun (« contingent work », « ipros », « nonstandard work »…) et s’est souvent contentée d’appliquer des modèles de l’emploi traditionnel aux nouvelles formes d’emploi.

La réflexion rigoureuse de Cappelli et Keller pose toutefois davantage de question qu’elle n’apporte en réalité de réponse. En effet, certaines formes d’emploi, notamment celles spécifiques à certains pays ou cadres juridiques nationaux, ne s’insèrent qu’assez mal dans leur classification. C’est par exemple le cas du portage salarial en France ou tout simplement de la sous-traitance en cascade dans tous les pays ou des travailleurs indépendants économiquement dépendants, tel les chauffeurs ou livreurs de plateforme. En l’état, ces formes sont des tensions entre les deux principales branches du modèle des auteurs.

En cela, le travail de grande qualité de Cappelli et Keller montre la nécessité pour les sciences sociales de continuer à étudier les formes d’emploi : les nouvelles mais aussi les « classiques », ainsi que les liens entre elles toutes.

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> Également à lire sur le site de la Fondation Travailler autrement, Capital financier, capital humain et transition vers l’indépendance : l’enseignement des liens intergénérationnels (Dunn & Holtz-Eakin, 2000)