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Le cinéma : un œil ouvert sur le travail ?

Le cinéma est un art et comme toute forme artistique, il peut parfois dénoncer ou offrir une clé de lecture du monde dans lequel nous vivons. De l’industrie à l’entreprise, des lignes de productions aux ressources humaines, le cinéma s’est souvent intéressé au monde du travail. Souvenez-vous des Temps Modernes (Charlie Chaplin, 1936) ou plus récemment de I, Daniel Blake, (Ken Loach, 2016), le septième art fait prendre conscience aux spectateurs des phénomènes liés aux évolutions du travail.

Refléter les phénomènes de société

Dès 1927, le film Metropolis (Fritz Lang) interrogeait ses contemporains sur l’avènement de la société industrielle et dénonçait la modernité et ses moyens de production. Plus tard, ce sont les Temps Modernes (Charlie Chaplin, 1936) qui ont à leur tour questionné les impacts de l’industrialisation.

Outre l’industrialisation, la mondialisation et la financiarisation sont aussi des facteurs des bouleversements ayant lieu dans le monde du travail et que le cinéma observe. Pour preuve, nombreux sont les films se déroulant à Wall Street ou pendant les crises financières.

Depuis 2008, ces deux thèmes sont de plus en plus exploités. Pour dire plus encore, le documentaire va prendre une place prépondérante dans le traitement du thème du travail dans le cinéma. Comme des lions de Françoise Davisse retrace ainsi les étapes de la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois de 2011 à 2013. Le spectateur se retrouve alors lui-même au cœur du conflit.

Fictions et documentaires : filmer les Hommes et les organisations de travail

Si le cinéma permet d’appréhender le thème du travail par le biais des phénomènes qui le bouleverse, il donne surtout à voir et à penser leurs impacts sur les Hommes et les organisations. Le « héros ouvrier » souvent magnifié laisse peu à peu sa place aux « héros ouvrier désœuvré » dans ces représentations dont les dialogues ou les plans sont souvent violents.

  • Le dialogue social est généralement représenté de façon dichotomique : les « patrons » font face aux « ouvriers », c’est le cas dans le documentaire Ressources humaines réalisé par Laurent Cantet,
  • Le thème de chômage est regardé par le prisme majeur et exclusif des difficultés sociales (Deux jours, une nuit, des Frères Dardenne (2014)),
  • La souffrance et l’épuisement au travail sont montrés de manière quasi scientifique par des tableaux cliniques ou de manière fictive par des drames familiaux (Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil (2005) ; Article 23, de Jean-Pierre Delépine (2012)).

Ainsi, les « valeurs morales » et l’ « honneur » sont souvent opposés aux « logiques de rentabilité » et à une « déshumanisation » du monde du travail.

entre_nos_mainsToutefois, à côté de ces sombres tableaux d’une dure réalité, plusieurs films et documentaires offrent une lecture plus positives, emprunte d’espoir, aux spectateurs. Si les headlines sont difficiles (fermeture d’usines, chômage…) leurs auteurs ont choisi de montrer la solidarité et les seconds souffles que peuvent offrir les difficultés professionnelles (Entre nos mains, Mariana Otero, 2010).

Objectifs ou non, ces films places d’éminents sujets de société sur le devant du débat social et politique et donnent la parole à des acteurs souvent silencieux.