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Les premiers pas de la prime d’activité

Née de la fusion du RSA activité et de la Prime pour l’emploi (PPE), la prime d’activité a été versée pour la première fois début février à 1,6 million de Français.

Cette prime versée par les CAF (Caisse d’allocations familiales) ou certaines mutuelles comme la MSA (Mutualité sociale agricole) vient en aide aux travailleurs les moins payés, c’est-à-dire qui ont moins de 1500 € net par mois, pour soutenir leur pouvoir d’achat mais aussi pour les inciter à prendre un emploi. Cette aide remplace et fusionne l’ancienne PPE (prime pour l’emploi) et le RSA activité. Un budget de 4 milliards d’euros lui a été attribué. Cette aide tient compte donc du revenu mais aussi du nombre d’enfants à la charge du ménage.

Une aide pour les travailleurs les plus pauvres

Les travailleurs les plus pauvres sont les premiers bénéficiaires, c’est-à-dire les travailleurs appartenant aux 20 % des ménages aux revenus les plus bas. La familiarisation de la prime profite aussi aux foyers monoparentaux. Les jeunes semblent aussi gagnants avec cette prime, qui est désormais ouverte dès 18 ans (contrairement à l’ancien RSA activité). A l’inverse, cette logique semble déplacer l’argent des modestes pour le donner aux plus modestes. Une partie des ménages est exclue: près de 5,9 millions de Français profitaient de la PPE alors que seulement 40 % d’entre eux percevront cette prime d’activité. Pour illustration, les ménages appartenant aux déciles 3-5 sont pénalisés ou un travailleur pauvre en couple sans enfant ne comptera désormais plus que 1,5 au lieu de 2 dans les parts.

Le non-recours, un problème qui persiste

Le principal défi de la prime d’activité reste la question du non-recours. Déjà sous le régime du RSA activité, 68 % de bénéficiaires potentiels ne l’avaient pas demandé. De plus, cette prime supprime de facto la PPE qui, elle, était versée automatiquement. La CAF, consciente de ces difficultés, a travaillé avec la MSA à un simulateur en ligne et déjà près de 8,8 millions de personnes ont fait le test. La CAF compte aussi contacter automatiquement les anciens bénéficiaires de la prime d’emploi éligibles à la prime d’activité. Les résultats sont pour le moment plutôt probants. Marisol Touraine s’est félicitée d’un taux de recours de 50 % ; même s’il reste du chemin pour atteindre les 100 % qui permettraient d’atteindre l’objectif premier de la prime: lutter contre la pauvreté laborieuse.

Vers une autre définition de l’aide sociale des travailleurs ?

Selon le magazine Alternatives économiques, après les échecs successifs de la PPE et du RSA activité, la prime d’activité apparait encore difficilement comme la solution idéale par son caractère non-automatique. C’est en ce sens que Pierre-Alain Muet et Jean-Marc Ayrault ont cherché à amender la loi de finance 2016 pour mettre en place une Contribution sociale généralisée (CSG) dégressive : « au lieu de prélever puis de rembourser, on peut prélever un peu moins ». Selon eux, elle permettrait aux travailleurs pauvres de débourser moins dès le départ, au lieu d’être taxé puis de devoir faire des démarches annexes pour obtenir la prime. L’article pousse néanmoins à la prudence : la dégressivité assez complexe n’aidera pas les travailleurs les plus pauvres car ils ne paieront pas de CSG à cause de leurs faibles revenus.

> A lire : L’article d’Alternatives Economiques