La 17ème journée du livre de l’économie axée sur la « valeur du travail »
Ce 2 décembre 2015 s’est tenue la 17e Journée du livre d’économie, organisée par l’association Lire l’économie et Le Monde, qui récompense chaque année le meilleur livre d’économie. Cette année l’évènement est dédié à la “valeur du travail”. Pour l’occasion diverses tables rondes étaient organisées. Patrick Levy-Waitz, Président de la Fondation Travailler Autrement a participé à l’une d’entre elles.
Cette 17ème journée a débuté avec le discours de Gilbert Cette, de la direction des études et relations internationales de la Banque de France, lauréat de la 16ème édition de la journée du livre d’économie.
Dans son discours Gilbert Cette rappelle l’importance du thème de la journée, la valeur du travail. “L’importance de ce thème est évidente pour tous : la France souffre depuis longtemps d’une situation de chômage massif et de précarité pour de nombreux actifs, et la mobilisation de tous pour améliorer cette situation est impérative.”
Trois thèmes ont été abordés lors de cette journée.
Le premier sur le code du travail, l’ancien lauréat estime qu’actuellement le Code du Travail n’est pas protecteur et que seule la réforme de ce dernier permettrait de concilier les deux.
Les deux autres table rondes portaient sur la réinvention de l’entreprise et du travail, et le numérique au travail.
Patrick Levy-Waitz Président de la Fondation Travailler Autrement a participé à la première table ronde de la journée, accompagné de Pierre Cahuc, économiste et professeur à Polytechnique, Antoine Lyon-Caen, avocat professeur à l’université de Nanterre et Laurence Storelli directrice recrutement, carrière et diversité chez TOTAL. Le sujet de cette dernière était “Faut-il casser le code du travail?” . Le professeur émérite Lyon-Caen est revenu sur l’histoire du Droit du Travail et ses objectifs de bases, ceux de limiter la concurrence entre entreprise aux dépens des salariés et de permettre au travailleur d’être un citoyen au travail comme à l’extérieur.
Selon lui, le rôle du Code du travail aujourd’hui est de dégager les principes essentiels qui structurent le droit du travail. Pierre Cahuc pose la question de savoir si le code du travail est lié au chômage. Pour lui aussi l’objectif du code du travail est de réguler la concurrence. Selon lui aujourd’hui le salarié démissionne beaucoup plus qu’il n’est licencié, c’est pour quoi il est nécessaire d’adapter le code du travail.
Les quatre intervenants convergent pour dire que le code actuel est complexe et illisible, la loi laisse peu de place à la négociation collective. La vision du marché du travail est très restreinte et de ce fait la mobilité n’est pas encouragée. Le code du travail sécurise l’emploi mais pas la personne.
Laurence Storelli se demande si le problème de mobilité est propre à la France où si c’est un problème international. Elle ajoute que le Code du Travail se mêle de tout mais qu’il est inefficace ce qui crée une insécurité juridique. Elle cite un exemple probant celui de la fusion de Total et ELF dans laquelle le code du travail n’a été, selon elle, d’aucune aide et il a même mit des bâtons dans les roues. Les accords ont été trouvés grâce aux discussions avec les partenaires sociaux.
Pierre-Henri de Menthon qui dirigeait cette première table ronde a ensuite demandé à Patrick Levy-Waitz ce qu’il pensait de l’ubérisation du travail.
Selon Patrick Levy-Waitz Il faut tout d’abord replacer le client dans les questions que se posent l’entreprise, c’est cela le sens de l’ubéristation.
Cependant, il considère que celà ne doit pas du tout signifier « fin du salariat ». Ainsi aux Etats Unis, les chauffeurs Uber sont considérés comme des salariés. Pour lui, il est utopique de considérer que tout le marché de l’emploi ne contiendra que des indépendants. Il faut faire attention à la frontière entre salarié et indépendant qui sera différente demain, moins rigide plus poreuse.
Pour clôturer cette journée, après la remise du prix du livre de l’économie, décerné à Jean-Baptiste Rudelle avec son livre « On m’avait dit que c’était impossible » (Stock), Emmanuel Macron a tenu un discours fort pour les lycéens et étudiants présents dans la salle, en les encourageant à prendre des risques tout au long de leur vie professionnelle.