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Portrait d’une nouvelle catégorie de travailleurs

Etude_hopwork_ouishareL’étude « Le freelancing en France 2017 : freelance et fier de l’être » réalisée par Hopwork et OuiShare a permis de faire un portrait de cette nouvelle catégorie de travailleurs que sont les indépendants. Elle part du constat que les débats médiatiques et politiques véhiculent une image sombre du travail indépendant. On lui associe souvent les termes de « précarisation » ou encore de « fin du travail ». Qu’en est-il réellement ?

Qui sont les freelances dont parle cette étude ?

L’étude (réalisée à partir d’un échantillon de 1014 participants ayant répondu à 24 questions) montre que le monde du travail change rapidement et radicalement, sous l’effet conjugué des nouvelles aspirations des actifs que sont la liberté et l’autonomie. hop 3

Les freelances sont définis dans cette étude comme des « travailleurs indépendants qualifiés […] qui choisissent de se mettre à leur compte sans employer d’autres personnes ». Les auteurs rappellent que la définition de freelance en France est différente que la définition qu’en font les Américains. Ces derniers englobent tous les travailleurs indépendants. Selon la définition française, donc, les freelances seraient 830 000 en France en 2016, ce qui représente une augmentation de 126 % en 10 ans.

L’étude Hopwork-Ouishare précise que les freelances étudiés sont ceux qui fournissent des services aux entreprises. C’est ceux qui représentent la catégorie dont la croissance est la plus forte, avec plus de 11,5 % par ans.

 

Des idées reçues sur le freelancing battus en brèche

« Le freelancing est subi en attendant de trouver un emploi salarié »

  • Non, les freelances déclarent à 90 % avoir fait le choix du freelancing ;
  • Non, car les freelances font le choix du freelancing au moment du pic de leur employabilité, soit 35 ans environ ;
  • Non, car 88 % des répondants déclarent avoir besoin d’indépendance et 44 % d’entre eux ont envie de tester l’entrepreneuriat ;
  • Non, car 91 % des répondants affirment ne pas souhaiter revenir au salariat.

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« Le freelancing est surreprésenté par les métiers de l’IT »

  • Oui, mais 36% des répondants indiquent qu’ils sont actifs dans deux ou plusieurs catégories de métiers : le freelancing, c’est la possibilité d’exprimer plusieurs talents;
  • C’est également la possibilité de cumuler plusieurs activités de natures différentes : complément d’une activité salariée, slashing…

« Les freelances ne sont présents qu’à Paris »

  • Non, seulement 40 % des freelances habitent en région parisienne et 34 % en Ile-de-France ;
  • Non, les freelances se déplacent fréquemment : ils ne travaillent que 3,5 jours par semaine à domicile.hop2L’étude souligne que la question du statut est centrale dans le choix de devenir freelance : création d’entreprise, auto-entreprenariat, portage salarial

Réalité imaginée et vécue par les freelances : un décalage ?

Cette étude met en lumière qu’il n’y a pas de décalage notable entre l’idée que se font les freelances du travail indépendant et la réalité vécue. En effet, ils sont 52 % à estimer pouvoir organiser leur temps de travail de manière flexible, 47 % à choisir leurs clients librement et 46 % à choisir leur lieu de travail. L’opportunité de gagner plus n’arrive qu’en quatrième position des avantages du freelancing. Il n’y a donc pas ou peu de décalage entre la réalité vécue et imaginée du freelancing : 74 % des personnes interrogées se disent fiers d’être freelance.

Là où les freelances ayant répondu à l’étude ressentent un décalage, c’est dans la différence de traitement qui existerait entre eux et le reste des actifs.

Comment les freelances ressentent le regard qui est porté sur eux ?

L’étude rapporte que 97 % des freelances ne se sentent pas pris en compte dans les débats politiques et économiques. Ils considèrent que leur réalité est souvent abordée sous un prisme négatif : précarisation, menace…

Concernant les institutions, et en particulier le RSI, les freelances sont nombreux à soulever des dysfonctionnements :

  • Ils se sentent déconsidérés par les établissements de crédit ou les bailleurs, ce qui pose un réel problème d’accès au logement ;
  • Ils se plaignent d’une qualité de service insuffisante de la part du RSI,

Pour eux, ils y a une différence de traitement qui tient à leur statut, malgré leur solvabilité : des salariés plus incertains face à leur avenir professionnel ne connaissent pas ces freins.

Enfin, dans la sphère privée, les freelances peuvent également souffrir d’une image négative. Ils sont 88 % à affirmer que leur entourage s’inquiète pour eux,  84 % d’entre eux pensent que les freelances ont une mauvaise image en France.

« Les mutations économiques en cours sont un facteur déterminant de l’augmentation du nombre des freelances. Mais la tendance révèle aussi des transformations culturelles profondes, qui amènent de plus en plus d’actifs à choisir et à revendiquer le statut d’indépendant – tout simplement parce qu’ils souhaitent être libres de choisir leurs conditions de travail et les projets sur lesquels ils travaillent. »
Laëtitia Vitaud, spécialiste du «Futur du travail » et enseignante à Sciences Po et Paris Dauphine

> Pour en savoir plus, retrouvez l’étude « Le freelancing en France 2017 : freelance et fier de l’être » réalisée par Hopwork et OuiShare

> À lire également sur le site de la Fondation Travailler autrement : Étude – Les travailleurs indépendants : identités, perceptions, besoins

> À voir également sur le site de la Fondation Travailler autrement : Patrick Levy-Waitz : « La première affirmation des indépendants est leur rapport à la liberté et l’autonomie »

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