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Web2Day : la fin du salariat ?

Le réseau Atlantic 2.0 a proposé sa 8e édition du Web2Day Festival. Pendant trois jours, conférences et workshops se sont enchaînés pour faire entendre la voix des nouveaux acteurs du numérique. A cette occasion, Diana Filippova chercheuse chez OuiShare, a lancé une réflexion sur la fin du salariat.

Diana Filipova part d’un cas commun : Uber. Uber serait la preuve de la fin d’un modèle, celui des entreprises qui reposent sur le  salariat. Cette menace s’ajoute à celle de l’automatisation et de la robotisation. Le monde traditionnel du travail serait en voie de disparition. La preuve en est, la phase de chômage croissant que l’on connait depuis une vingtaine d’années. Mais Diana Filipova appelle à rester prudent.

La nécessité de lutter contre les fausses vérités et les préjugés

  • La transformation numérique apparaît  cause de chômage : l’automatisation détruirait des emplois mais n’aurait pas encore eu le temps d’en créer de nouveaux ; dans les faits, on assiste pour le moment plus à une automatisation des tâches et non des emplois.
  • La question de la flexibilité : elle ne doit plus se poser en terme de statut mais en terme de contenu des emplois : un salarié peut être très libre dans son travail comme à l’inverse, un travailleur indépendant peut se retrouver dans une situation de totale exécution. C’est le cas des travailleurs à la demande, qui forme le nouveau groupe du « néo-salariat ».
  • Le problème de la sécurité sociale : il faudrait repenser totalement le modèle. La sécurité sociale a été pensée pour des salariés et leur protection dans un contexte de chômage frictionnel mais n’avait pas envisagé le développement d’une pluralité de modèles et donc une redistribution plus globale

Face à ces menaces qui planent sur l’emploi, une solution miracle semble apparaître : celle de l’entreprenariat. 2/3 des jeunes diplômés déclarent vouloir un jour monter leur propre entreprise. L’entreprenariat devient synonyme de liberté, d’autonomie, de quête de sens au travail, en somme tout sauf l’exécution de tâches. S’ajoutent à ces espoirs des travailleurs ceux des politiques qui voient en cette nouvelle forme d’emploi la fin du chômage, un vivier d’emploi.

Quelles solutions ?

Mais le monde politique est aujourd’hui en crise. Diana Filippova considère que les solutions politiques apportées sont dignes d’un autre siècle. En atteste la réaction de l’URSSAF, qui proposait de requalifier les chauffeurs Uber sous le statut de salarié, au lieu d’y voir un nouveau statut. Face à ces incohérences, elle avance plusieurs pistes :

  • Revenir aux fondamentaux ; il ne faut plus penser que le travail est l’emploi, mais le penser dans un cadre global, au cœur d’un projet social complet, ce qui était déjà présent dans le rapport Supiot en 1999.
  • Attacher la protection à l’individu et non à son statut ; le Compte Personnel d’Activité (CPA) apparaît comme une réponse et une reprise politique de la notion de droit de tirage social.
  • Reconfigurer les solidarités au niveau intermédiaire ; les syndicats devraient par exemple s’ouvrir à la protection de tous les travailleurs (et pas uniquement des salariés) ou de nouveaux partenaires sociaux devraient s’organiser à l’instar de la Freelancers Union aux Etats-Unis, qui regroupe plus de 400 000 travailleurs freelance.
  • Mettre les entreprises au centre du travail de redéfinition du travail.
  • Faire du revenu universel un objet de réel débat politique et non plus un consensus ; il est nécessaire que le politique s’empare de cette question, alors même que le privé commence à proposer des solutions (comme par exemple YCombinator).
  • Oser des propositions radicales ; sur le temps de travail par exemple, certaines start-up ont osé supprimer tous les horaires et vacances pour laisser une totale liberté de détermination par les salariés.

> L’intervention de Diana Filippova en intégralité :

Le programme complet du Web2Day Festival

Mais aussi sur le site de la Fondation Travailler Autrement :
> L’enquête de l’Observatoire Social de l’Entreprise sur la transition numérique

> Un sondage de NextDoor/Opinionway sur le travail autrement